ils enfantèrent le vent frais »
Plus qu’un objet utilitaire pour se rafraichir lors des chaudes journées d’été, l’éventail était plutôt un accessoire ornemental de qualité, qui permettait aux hommes de paraître plus élégants, et aux femmes de mettre en valeur leur beauté et leurs tenues. Parmi les formes et les matières diverses, Hapjukseon합죽선 est l'éventail emblématique de la Corée et représente un des éléments du patrimoine culturel par excellence.
C'est un éventail fait de matières naturelles : le bambou et le papier traditionnel, Hanji.Ce dernier est réalisé à base de mûrier à papier (Broussonetia papyrifera, Taknamu en coréen). L’écorce du mûrier est mélangée à de l’eau et à de la colle de mûrier, puis écrasée pour être réduite en pulpe avec des outils en bois, ce qui permet à la matière de conserver ses propriétés naturelles, notamment la longueur de ses fibres. Un tamis est ensuite utilisé pour retirer une couche de pulpe, en déplaçant latéralement le cadre dans toutes les directions, afin que le sens du grain du papier soit hétérogène.
C’est cette technique coréenne unique et les fibres longues, qui font du Hanji un papier solide et particulièrement durable. Sa composition ne comporte aucun agent synthétique, il ne provoque pas de réaction chimique de dégradation, c’est pour cela qu’il fut souvent employé pour protéger la nourriture. Avec la modernisation du pays, ce savoir-faire fut un temps menacé de disparition avec la production massive de papier à base de pulpe du bois (celui que nous utilisons tous les jours).
Selon les chroniques historiques, depuis le 10ème siècle, l’éventail était souvent considéré comme un présent très apprécié dans toutes les couches sociales de la population. Il était de coutume de dire que le cadeau d’été était l’éventail, alors que le cadeau d’hiver était le livre ; les lettrés offraient à leurs amis qui partaient en déplacements, des éventails sur lesquels étaient calligraphiés des poèmes ou peints toutes sortes de motifs variés ; tous avaient dans leur salon cet accessoire indispensable.Jeonju (une ville située dans le province de Jeolla, au sud-ouest de la Corée) fournissait les Hapjukseon de meilleures qualités grâce à son savoir-faire de fabrication de papier traditionnel Hanji. L'élaboration d'une pièce Hapjukseon demande une coopération étroite de plusieurs corps de métier et 108 étapes de fabrication. Les flèches en bambou sont traitées, polies et pyrogravées, et la feuille en Hanji est peinte et calligraphiée. L’extrémité de la gorge (par laquelle on prend l'éventail) est en général réalisée en corne de buffle. A travers d'une pièce Hapjukseon,on peut admirer le savoir-faire des artisans, l'esthétique d'une peinture et la beauté d'un poème.