Pendant des mois, le petit monde d’Hollywood, et tout ce qui gravite autour, presse, télé, web, s’est demandé se qui avait piqué Phoenix, d’autant que l’acteur avait annoncé que son beau-frère Casey Affleck allait le suivre caméra au poing pour filmer sa reconversion. Mais c’est quoi cette histoire ? Le monde a crié à la folie. Le monde a crié au canular. Le monde est resté perplexe (oui je sais je pousse un peu en disant « le monde », mais la démesure sied à ce film). Dans l’attente de voir Phoenix capituler, ou percer (non, personne ne s’est jamais vraiment attendu à ce qu’il perce dans le hip hop après avoir vu les vidéos circulant sur You Tube, c’est sûr…). Dans l’attente du film de Casey Affleck qui offrirait les coulisses de toute cette histoire, son fin mot.
I’m still here est enfin arrivé, plus de deux ans après cette préretraite annoncée étrange. Entre temps, Casey Affleck avait confirmé que la reconversion de Joaquin et le documentaire la retraçant était un canular. Quel devient donc l’intérêt d’un tel film ? Il est plus qu’une simple curiosité de revoir ces séquences aperçues sur Internet dans un contexte plus large, de voir Phoenix avant et après son entrée sur le plateau de Letterman, le voir négocier pour chanter dans une boîte de nuit branchée de Miami… Il est aussi dans ce doute que l’on a quant à l’implication des personnes que l’on voit dans le film. P. Diddy, alias Sean Combs, que Joaquin Phoenix vient chercher pour produire son album, savait-il ?Avec ses yeux montant au ciel quand il entend les chansons de Joaquin, le doute est permis. Ben Stiller, quand il vient proposer à Joaquin de jouer à ses côtés dans Greenberg, sait-il ce qui se passe ? Et Edward James Olmos, c’est quoi cette histoire de goutte des montagnes ? Il a fumé celui-là ? Non, pas possible, il était de mèche. Ce semi-doute est savoureux.
Depuis, après trois ans sans tourner, Joaquin Phoenix est sorti de sa fausse retraite pour The Master, le nouveau Paul Thomas Anderson, dans lequel Philip Seymour Hoffman interprète un gourou inspiré de L. Ron Hubbard et sa scientologie. Phoenix sera l’homme de confiance du Master. « I’m still here », chantait-il dans une boîte de nuit de Miami. Les mois ont passé, le contexte est différent, et le retour sera assurément vivement commenté. Mais c’est sûr. He’s still here.