Elle passera l’été chez ce couple sans enfant, mais aux vêtements de garçons curieusement rangés dans une armoire. Un drame que l’on devine et autour duquel ne tourne pas l’intrigue du roman. Ses circonstances et l’enfant absent ne sont qu’évoqués brièvement par l’indiscrétion d’une commère, de façon aussi incongru et imprécise que ses questions indiscrètes et ses commentaires dispensables. Peu à peu la petite, dont le nom n’est jamais mentionné et les Kinsella s’habituent à leurs présences mutuelles, s’apprivoisent.
La raison d’être du roman, ce sont les gestes du quotidiens vu par les yeux de la fillette. Ces petits riens dont la description fragile, anecdotiques et pourtant incroyablement précise vient donner au texte toute sa force. On devine, sans qu’il ne soit jamais nécessaire de le préciser, combien la maison de la fillette et cette grande ferme silencieuse sont différentes, combien leurs habitants le sont aussi. De cette maison qu’elle a quittée, on ne sait rien non plus. Sans la mention de la grève de la faim de Bobby Sand, rien ou presque (le chapelet en plastique, la voiture…) ne permettrait de situer l’action du roman en 1981.
Les Trois Lumières est un roman simple et beau, dont la lecture a été malheureusement un peu défloré par l’avalanche de critiques dithyrambiques et parfois larmoyantes.