Les règles du Samu social ont changé. Une famille n’est hébergée en urgence que si deux autres sortent du dispositif. Le conseil général dénonce la situation.
VINCENT VÉRIER
Ce n’est pas encore l’appel de l’abbé Pierre de l’hiver 1954 mais ça y ressemble. Dans un communiqué envoyé récemment, Christian Favier, président (PC) du conseil général, s’indigne contre les coupes franches dans les finances du Samu social. « Une nouvelle étape, inhumaine et dramatique, vient d’être franchie dans le sort indigne réservé aux personnes sans logis, écrit l’élu.
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« On dort dans un chantier »
Chaque jour, des dizaines de familles se retrouvent à la rue, sans hébergement. C’est un couple, avec un enfant de 3 ans et demi et une grossesse en cours, qui dort dans la voiture de service du papa. C’est cette famille de 3 enfants — 8 ans, 6 ans et 1 an —, qui va passer la nuit aux urgences de l’hôpital. »
Objectif : supprimer 5 000 nuitées par jour en Ile-de-France
Sont dans le collimateur de Christian Favier les consignes données par l’Etat de ne plus héberger en urgence une famille si, dans le même temps, deux autres familles ne sont pas sorties du dispositif. Avec ces instructions, l’Etat espère supprimer 5000 nuitées par jour d’ici la fin de l’année en Ile-de-France et assure que les crédits du 115 qui seront économisés seront reportés sur les programmes d’accès au logement.
« Dans le Val-de-Marne, on est passé de 750 à 250 places, s’insurge le conseil général. On n’arrive plus à faire face. En une semaine, ce sont 80 familles qui sont venues nous demander de l’aide. » Des situations dramatiques qui obligent parfois les assistantes sociales à héberger les demandeurs dans leurs locaux. « On n’a jamais vu ça, s’insurge Danièle Gevrey, du Réseau éducation sans frontières (RESF), qui a pris en charge plusieurs familles. La situation est tellement catastrophique que les salariés du Samu social ont manifesté il y a quelques jours pour alerter l’Etat. » Courant juin, le maire de Paris et les présidents des conseils généraux de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne avaient déjà dénoncé une « véritable guerre aux pauvres ».
Le secrétaire d’Etat au Logement, Benoist Apparu, avait répondu en affirmant que le nombre de places en hébergement pour l’Ile-de-France « n’a jamais été aussi élevé ». Pour Benoist Apparu, c’est une « manipulation des élus de gauche ».
Le Parisien
En une semaine, 80 familles se retrouvent à la rue – 18/07/2011 – leParisien.fr.