Chicken Street .
d'Amanda Sthers .
Points (2008)
Grasset (2005)
218 pages
Roman, France
Résumé
" Chicken Street ", c'est la rue principale de Kaboul où vivent les deux seuls juifs d'Afghanistan : Simon, le cordonnier amateur de santiags et d'une forme d'humour qui ne séduit pas toujours son ami Alfred, l'écrivain public qui détient les clés de la Synagogue et adore le tango... Un jour, Naema, si belle sous son voile, supplie Alfred d'écrire une lettre en son nom à un journaliste américain qu'elle a aimé, une nuit, sous les bombes, et dont elle attend un enfant. De Kaboul à New York, tout bascule alors dans une tragi-comédie chahutée par l'Histoire... Naissance ou lapidation ? " Chicken Street " ou Manhattan ? Fausses lettres ou vraies promesses ? Le destin oscille, hésite, rit, gémit... Dans ce roman, où le merveilleux rivalise avec la folie des hommes, tout s'accomplit sous le regard de ce Dieu facétieux dont Woody Allen a dit : " S'il existe vraiment, j'espère qu'il a une bonne excuse "...
Mon avis:
C'est avec son dernier ouvrage, Liberace, ( paru chez Plon en octobre 2010 ) que j'ai découvert cette auteure. J'avais beaucoup aimé ce livre et m'étais promis de me pencher sur les ouvrages précédents de la belle Amanda.
C'est chose faite avec Chicken Street, son deuxième roman .
Et là encore, j'ai pris une belle claque . J'ai retrouvé le style qui m'avait tant plu dans Liberace, ; à la fois moderne et dynamique , nerveux et parfois fiévreux, où la gravité côtoie l'humour, et le tragique la comédie.
L'histoire nous entraîne à Kaboul , en Afghanistan , après la chute des Talibans. Deux juifs, peut être les deux seuls d'Afghanistan, sont voisins au 21 et 23 Chicken Street , la rue principale de Kaboul : ce sont Albert, l'homme d'âge mûr , écrivain public, et Simon le narrateur, cordonnier et amateur de Santiags (que lui envoie sa soeur habitant new-York) . Un jour une jeune afghane, Naéma , rend visite à Albert afin qu'il écrive une lettre à un journaliste américain dont elle porte l'enfant.. Ce journaliste c'est Peter, il vit avec sa femme Jenny et ses deux enfants à New York... Mais Peter ne lira jamais cette lettre . Un scénario à la Woody Allen, réalisateur qu'Amanda Sthers admire , où les destins se croisent et s'entrecroisent.
L'atmosphère de cet Afghanistan renaissant après la chute des Talibans est particulièrement biene décrit ; mais c'est encore l'intolérance qui règne, (symbolisée ici entre autre par l'antisémitisme); la violence est coutumière , les droits des femmes sont bafoués et loi de la charia et les châtiments corporels tels que la lapidation sont toujours d'actualité.
"La vie toute entière semblait reprendre à Kaboul depuis la chute des Talibans. Cependant il restait des traces, des réflexes. Quand on sort de prison, on a d'abord peur de la liberté. Les
visages d'ici sont particulièrement beaux. Ils dégagent une grâce animale.//.. Ils portent en eux sur l'histoire et son recommencement. Ils portent l'humain. Dans ces sourires purs et naïfs peut
se dessiner la haine en un instant . Ils confondent le désir et le mal.Les Afghans ont quelque chose de sauvage. Ils font partie de ces hommes qui vivent entre eux, qui se jaugent comme les bêtes
se défient du museau. Les femmes ne sont pas entrées dans leur système, ces morceaux d'étoffe mouvante ne remettent pas en cause leur virilité. Celles qui se découvrent sont méprisées pour
étouffer l'excitation qu'elles pourraient provoquer.
Les hommes marchent, tourbillonnent dans un mouvement vieux de milliers d'années. Ils se sont mis d'accord contre les femmes et les peuples à haïr pour que l'ennui ne les pousse pas à se tuer
entre eux...(p35, 36)
Un livre que j'ai vraiment beaucoup aimé et Amanda Sthers risque fort de devenir une auteure incontourable de ma bibliothèque, tant son écriture me "parle".
L'auteur
Scénariste et auteur de sketches pour 'Caméra café' sur M6 ou pour les émissions d'Arthur, Amanda Sthers écrit également des chansons pour Patrick Bruel, son mari d'alors. Cette fan de Woody Allen signe son premier livre 'Ma place sur la photo', publié en 2004. Dans ce roman autobiographique, elle parle de son père psychiatre juif et de sa mère avocate bretonne catholique, des moments heureux en famille avec sa soeur et son frère, du divorce de ses parents, de son avortement puis de sa rencontre avec le célèbre chanteur, Patrick Bruel. Elle sort en 2005 son second livre intitulé 'Chicken Street', un roman qui se déroule entre Kaboul et Manhattan. En 2006, Amanda s'essaie dans deux rôles nouveaux : maman et dramaturge. Elle signe une pièce 'Le Vieux Juif blonde' mise en scène par Jacques Weber et jouée par Mélanie Thierry. Acclamée par le public, la pièce est même rejouée en fin d'année. En 2007, elle publie deux ouvrages : un roman, 'Madeleine' et un livre pour enfants, 'Les Gums'. Amanda Sthers a peut-être trouvé sa voie.