Cette journaliste et animatrice a l’habitude de présenter, elle le fait dans son prologue, et tellement justement, que je lui laisse la parole. Ces carnets (sont) un peu comme des pages arrachées à un journal intime ... Je n’essaie pas de couvrir les faux pas, les erreurs, ni les moments d’errance [...] sans autre certitude que celle que la vérité libère et que le mensonge enchaîne.
Je n’avais pas l’intention d’acheter ce livre, même si j’avais trouvé Geneviève St-Germain particulièrement intéressante quand elle est passé à Tout le monde en parle. L’occasion a fait le larron, je suis passé devant son stand au Salon du livre de Montréal, je l’ai vue disponible, j’ai suivi mes pas qui m’ont menée droit devant elle. J’ai été frappée par notre bref échange, non tant par les mots que par la prise de contact direct que j’ai eu avec elle, sans le filtre d’un égo qui se confond avec son rôle de chroniqueuse, animatrice ou journaliste. Avant tous ces rôles, elle est l’être humain. Maintenant que j’ai lu ses carnets, je m’explique mieux la qualité de ce contact. Le vécu a passé son égo à la moulinette des expériences dont celle d’une dépression, que je qualifierai de majeure, surtout par la charge importante des prises de conscience qui l’ont suivie. Bien avant ce neuvième chapitre « Une longue nuit noire de l’âme » qui la traite sans un soupçon de victimisation, il y a une quantité de matière hautement humaine intelligemment classée sous treize chapitres. Cette matière, inflammable, me porte à croire qu’un être chargé d’un tel désir de vivre dans le vrai à chaque seconde de sa vie, et même en relation avec les autres (!), pouvait difficilement échapper à une halte (la dépression) pour réfléchir sa vie dans le miroir du temps. J’ose rajouter, surtout quand tu es une femme avec du caractère, si facilement confondu avec "mauvais caractère" aux yeux de certains.
Tous les sujets que Geneviève St-Germain aborde sont traités comme si elle allait mourir demain. Entendons-nous, ce n’est pas du tout le cas, dieu l’en garde, je signifie par là que le récit s’expose sans pudeur et sans peur de heurter une pensée convenue. Par exemple, quand elle aborde « La boite à grimaces » milieu des médias qu’elle a bien connue avant sa dépression, les gens qui en font partie en prennent pour leur rhume !
Cette animatrice au caractère intensément intègre a appris au fil du temps, et ce sont de ces leçons de la vie dont elle nous entretient avec une telle franchise que c’en est désarmant. Ces réflexions vivantes sont ancrées profondément dans la terre d’une réalité particulièrement féminine, ce qui en fait le livre idéal à donner en lecture à un groupe pour en discuter par la suite. Je suis certaine que cette discussion serait entrainante, pour ne pas dire enflammée ! Pour ceux et celles qui préfèrent approfondir en solitaire, ils seront aussi bien servis et peut-être même, devront-ils le lire plus d’une fois.
Je termine sur l’exergue placé en avant-propos qui, à mon avis, cible ce récit en plein dans le mil : « Si vous ne dites pas la vérité à propos de vous-même, vous ne pouvez pas la dire à propos des autres » Virginia Woolf, Lettre à Leonard Woolf