Citoyens !
Les commentaires vont bon train concernant Google + . Pour ma part, pas d’énormes révolutions de mes propres usages, pour la simple et bonne raison que l’étape 1 de la propagation de Google + repose sur une notion désormais hyperstatique : le carnets d’adresse.
A la différence près que si les MySpace ou autres Facebook ont pu recruter sans avoir à justifier de services additionnels révolutionnaires (“log and see”), Google + arrive après une phase de maturation des réseaux sociaux vers le grand public, et de façon internationale. Difficile pour l’utilisateur de simplement faire confiance à Google pour un service additionnel.
Il manque cette dimension dynamique dans l’acquisition des publics ; on pourrait presque parier que les prochains grands succès des médias sociaux n’auront pas lieu seulement via une contamination d’adresses emails mais par de véritables “missions” ou “call to actions” demandés aux utilisateurs prospects. Un peu à la manière de FourSquare qui a d’abord émis la promesse de débloquer des badges comme première monnaie d’échange à une inscription à son service.
La seule vraie révolution “utilisateur” qu’on peut voir poindre est probablement la dimension “drag and drop”. Un web plus intuitif développé depuis le lancement de Pearltrees où on commence à faire fi des ergonomies passées finalement anti-naturelles (les grands-pères sont toujours aussi choqués du mot “souris”) pour revenir à un geste de sélection plus humain. Google + ne revêt pas encore de logiques “affinitaires” : les “cercles” que je crée sont peuplés d’amis proches ou de mes contacts privilégiés (ou alors vous avez bien fait vos listes d’amis Facebook et vous n’avez plus qu’à copier coller les groupes). Je n’ai absolument aucune envie à date d’aller recruter un autre contact en tant que tel ; les contacts qui me rajoutent y arrivent par mon blog ou par twitter, plutôt par curiosité que par vraie proposition de valeur. Dans la logique de Pearltrees, peu importe mon capital d’amis de départ : je rentre par une affinité, par une passion, en faisant au début abstraction de qui je suis. Ce n’est qu’après que le service me propose de synchroniser mes comptes facebook ou twitter pour amplifier les effets de rayonnance.
La vraie révolution de Google + pourrait en fait ne pas cibler véritablement les mécaniques “user-centric” mais “sites-centrics”. A date, on en est encore à la préhistoire (sauf en Asie et particulièrement au Japon et en Corée) d’une cohérence “web based” de marque : je suis encore bien souvent très en dehors de l’expérience web d’une marque quand j’entre dans une de ses boutiques. Mais quand les boutiques seront toutes équipées d’écrans, tactiles ou non, alors on peut imaginer que la logique de “drag and drop” ou de “drive to panier d’achat” seront le nerf de la guerre : pour faire passer à la caisse les consommateurs ; pour les fidéliser sur le long-terme en comprenant leurs parcours : pour les utiliser comme vecteurs marketing auprès de leur entourage.
Google + n’est donc pas un Facebook killer, mais bien plutôt une anticipation de ce que sera le “marketing de site-marque” d’ici 5 ans. On fait le pari ?