Magazine Politique
En réponse à l'article de Candide "Les Pharisiens", je vous propose une petite lecture sur le
mot, le sens et l'histoire du terme "pharisien". N'est pas pharisien qui on croit !
Pharisien, ienne :
Antiq. Juifs vivants dans la stricte observance de la Loi écrite (Torah) et de la
tradition orale (enseignement des scribes). Les Evangiles accusent les pharisiens (assez injustement, semble-t-il) de formalisme et
d’hypocrisie
(1541) Vx Personne qui n’a que l’ostentation de la piété, de la vertu ; faux dévot
(→ tartuffe)
Mod. Personne qui croit incarner la perfection et la vérité, du moment qu’elle observe strictement
un dogme, des rites et qui juge sévèrement autrui
« Le pharisien est un homme qui croit en Dieu et qui
croit que Dieu est content de lui […][il] fait voir cette union incroyable de la religion ingénue et de l’admiration de soi […] » Alain, Propos, 5 juin
1913
Le terme pharisien tire son étymologie du grec
pharisaios lui-même provenant du mot araméen persihayyâ, forme
emphatique plurielle correspondant à l’hébreu pârush et qu’il semble logique de rattacher à la racine pârashattestée dans nombre de langues sémitiques. Le mot signifie « couper » et la racine a donné naissance aux sens « distinguer »,
« expliquer » et « séparer ».
Calvin dans son commentaire à l’épître aux Philippiens s’interroge : les pharisiens étaient-ils ceux qui expliquent, « les gens qui savaient sur le doigt les interprétations des Anciens » ? Ou étaient-ils les
séparés, ceux qui ne se mêler pas aux impies ? Cette seconde hypothèse semble celle des exégètes. Ce qui n’empêcha pas, au contraire, les pharisiens d’être très proches du peuple dont ils se
voulaient les animateurs. Leur souci du commun des fidèles devait logiquement conduire les pharisiensà proposer des adaptations qui,
regroupées de surcroît dans des compilations non ordonnées par des principes généraux, exposait leur morale à subir les mêmes attaques que la casuistique catholique.
Au début de notre ère, les pharisiens étaient le
groupe religieux le plus dynamique, celui dont faisait partie le futur saint Paul et on voit dans le Nouveau Testament qu’ils constituaient les interlocuteurs privilégiés du Christ. Il était
inévitable que les critiques de Jésus s’adressent en premier lieu à ces concurrents qui avaient une grande influence sur le peuple.
L’image négative qui s’est attachée au nom des pharisiens a résulté d’un événement imprévu – que les chrétiens n’en jugeront pas moins annoncé par leur prophète – la destruction du Temple de Jérusalem en
70 de l’ère chrétienne. C’est alors que la secte chrétienne, à cette période il faut bien la considérer comme telle, se transforme en religion rivale du judaïsme, puis dominante et persécutrice.
Dans ce contexte la religion judaïque portée par les pharisiens reste celle du « peuple témoin », elle restera néanmoins
associée au nom des pharisiens lesquels seront alors méprisés, et le nom revêt alors un sens péjoratif en vertu du constat évangélique que la poutre dans son œil n’empêche pas de voir la paille
dans l’œil du voisin.
Il était donc facile aux docteurs chrétiens de railler la minutie des pharisiens mais peut-être cette dépréciation
n’est-elle, comme pour la réputation ultérieure des jésuites, que la reconnaissance d’une efficacité qui, sans cette mauvaise foi, ne pourrait que forcer l’admiration ?
[Source : dictionnaire culturel en langue française – Le Robert]
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