Alors que le procès de Dominique Strauss-Kahn, qui devait s’ouvrir aujourd’hui, est repoussé au 1er aout, la mobilisation en faveur de la plaignante occupe le terrain.
Un enjeu communautaire
Au premier rang, la communauté noire qui s’est organisée dimanche dans le quartier historique de Harlem. Ce rassemblement trés médiatisé s’est tenu à l’initiative du sénateur démocrate Bill Perkins, figure emblématique de la communauté afro-américaine de New York.
Il a, de nouveau, lancé un appel à manifester pour que le procès DSK ait bien lieu. A ses cotés, une cinquantaine de manifestants martelant un seul et même slogan : «Un procès contre Dominique Strauss-Kahn doit être organisé». Les protestataires ont assuré qu’ils reviendraient soutenir Nafissatou Diallo aussi longtemps que nécessaire. «C’est notre deuxième rassemblement et il y aura beaucoup d’autres, tant que nous estimerons que la parole de la victime n’est pas prise au sérieux. Nous la soutenons et nous soutenons le procureur pour qu’il continue à travailler sur cette affaire», affirme Bill Perkins. Jean, militant d’une association de lutte contre les violences faites aux femmes déclare au Parisien : «Nous ne savons pas ce qui s’est passé dans cette chambre ce jours-là. Mais il s’est passé quelque chose la seule façon de savoir la vérité c’est d’aller jusqu’au procès».
Certaines associations craignent surtout la fin de la procédure. Cecilia du groupe Violence Intervention Program, affirme : «Si la procédure s’arrête aujourd’hui, plus aucune femme et encore moins des immigrantes n’oseront s’exprimer», dit-elle.
Le 6 juillet, quelques jours après que le procureur Cyrus Vance Jr. ait exprimé des «inquiétudes» sur la crédibilité de la femme de chambre qui accuse Dominique Strauss-Kahn, Eric Josey, le cofondateur de 100 Blacks in Law Enforcement Who Care, une association d’anciens policiers noirs, est venu dire son indignation devant la cour criminelle de Manhattan. Eric Josey demandait à ce que Cyrus Vance Jr. soit dessaisi de l’affaire.’«Il faut maintenir la pression», lancait-il devant les caméras du monde entier. «Moi, j’ai servi au NYPD [la police de New York] pendant vingt ans, et je sais ce que c’est qu’une injustice, assure-t-il. On a là une immigrée africaine sans éducation face à l’ancien patron du FMI. Evidemment qu’on va essayer de la salir et que le procureur a peur d’aller au procès. Mais nous ne céderons pas et nous irons jusqu’au bout pour que la vérité soit faite», ajoutait-il.
Combat féministe
Nafissatou Diallo, ne bénéficie pas uniquement du soutien d’une communauté qui se bat pour ses droits. La victime présumée est également défendue par une assistante sociale (d’autres médias disent qu’elle est psychothérapeute, mais bon passons…) travaillant pour l’association Sanctuary for Families, spécialisée dans l’accueil des femmes battues, Mariama Diallo (serait-elle de la même famille ? Celle-ci (qui a rencontré plusieurs fois Nafissatou Diallo) affirme dans Paris Match: «Elle ne ment pas. Je n’ai absolument aucun doute, elle a dit la vérité.
Je connais ce genre de femmes, je viens de la même ethnie, on parle la même langue (ben voyons). Nafissatou n’est pas une prostituée (…) car, chez les Peuls, coucher avec un homme hors mariage, c’est s’exclure de la communauté»… Mais l’appât du gain est cependant plus fort chez la femme africaine prête à tout faire pour obtenir ce qu’elle désire, aussi bien par le mensonge que par la prostitution. L’occasion pour Nafissatou était trop belle voir inespérée… Pour qui la finalité justifie les moyens.
Dans cette affaire, il n’y a pas une seule version identique dans tous ces témoignages. Qui ment ? Qui dit une part de vérité ? Chacun
y va de sa petite salade à l’emporte pièce.
Auparavant, la directrice du centre hospitalier qui avait, la première, dès le samedi 14 mai, reçu l’employée du Sofitel, avait livré au Monde ses impressions: «Mme Diallo est arrivée en état de choc, très secouée, très affectée (…) Je n’ai pas mis en doute son témoignage.»
Si l’on remonte un peu plus loin, on se rappelle de toutes ces femmes de ménages venues soutenir leur collègue et scander «DSK shame on you», lors du premier procès qui s’était ouvert le 6 juin dernier.
Pas qu’une histoire de femme de chambre
Mais l’affaire du Sofitel a largement dépassé les frontières. En France, des manifestations ont également eu lieu. Le mot d’ordre est plus large et s’attaque principalement au sexisme qu’a engendré l’affaire DSK. A la fin du mois de mai, elles étaient près de 500 devant le centre Pompidou, avec pour pancartes : « Nous sommes toutes des femmes de chambre»
Cette affaire de sexe très largement médiatisée a sans nul doute déchainé les passions de tous bords, d’autant qu’elle risque de faire encore couler beaucoup d’encres sur un second épisode aussi mystérieux avec Tristane Banon. Que de fureurs opportunes et de méchancetés sont ici exacerbées en pleine place publique…
Il convient toutefois de prendre de la hauteur pour rester hors de portée de ce marécage nauséabond.