Les apiculteurs de l'Union nationale de l'apiculture française (Unaf) et une trentaine d'élus ont écrit mercredi 13 juillet une lettre au gouvernement afin d'obtenir l'abrogation immédiate de l'autorisation de vente du pesticide Cruiser OSR qu'ils jugent "extrêmement toxique pour les abeilles".
L'autorisation de commercialisation de ce produit toxique avait été délivrée le 3 juin dernier par M. Le Maire, ministre de l'Agriculture.Scandalisée, l'Unaf (l'Union nationale de l'apiculture française) a déposé le 8 juillet dernier un recours en référé devant le Conseil d'Etat, afin d'obtenir son annulation immédiate.
En attendant l'audience, prévue pour le 28 juillet, les apiculteurs de l'Unaf ont adressé une lettre au gouvernement. Celle-ci affirme que "l'insecticide systémique utilisé en enrobage de semences de colza et véhiculé par la sève jusque dans les fleurs, est composé de trois substances actives d'une extrême toxicité pour les abeilles". Il s'agit de l'insecticide thiaméthoxam et des fongicides fludioxonil et métalaxyl-M.
Plusieurs pays de l'Union Européenne ont déjà retiré du marché les produits à base de thiaméthoxam, dont la Slovénie en avril et l'Italie en juin. Cette substance est notamment à l'origine de cas avérés d'intoxication d'abeilles. Et le colza, sur lequel elle est utilisée, est une plante qui attire fortement les abeilles.
Le groupe suisse Syngenta Agro, qui commercialise le pesticide Cruiser OSR, s'est défendu dans un communiqué daté du mercredi 13 juillet : " Cruiser OSR a fait l'objet de 4 années d'études (...) et l'analyse des résultats n'a montré aucune différence de comportement, de développement et de survie entre des colonies d'abeilles exposées à du colza protégé avec Cruiser OSR et celles ayant butiné un colza issu de semences qui n'étaient pas protégées ".
Quant à M.Le Maire, il a rappelé que son autorisation de mise sur le marché avait été décidée après un avis positif de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Des arguments qui sont loin de satisfaire l'Unaf, qui reproche au gouvernement de préférer les intérêts financiers au principe de précaution.
"On tombe dans des intérêts financiers souvent plus importants que les intérêts des apiculteurs", a déploré pour sa part l'élue PS des Deux-Sèvres, Geneviève Gaillard, également signataire de cette lettre.
Olivier Belval, président de l'Unaf, indique que si l'interdiction de commercialisation était décidée lors de l'audience de la fin du mois, "cela pourrait encore empêcher à temps son utilisation pour l'enrobage des semences de colza puis des prochains semis fin août et début septembre."
D'après l'Unaf, si les abeilles venaient à disparaître, près de 40% des fruits, légumes et oléagineux ne pourraient plus être produits.