Le Parisien :
FRANÇOIS BAYROU, Ségolène Royal et Dominique de Villepin se retrouvant pour signer un texte commun anti-Sarkozy, voilà qui a de quoi surprendre... L'ancien Premier ministre de Jacques Chirac, le patron du MoDem et la dirigeante socialiste - tous deux candidats à l'Elysée en 2007 - se sont pourtant associés à une tribune dénonçant une « dérive » du pouvoir présidentiel. Cet « appel du 14 février pour une vigilance républicaine », publié par l'hebdomadaire « Marianne », fustige en effet, sans jamais nommer le chef de l'Etat, le style présidentiel de Nicolas Sarkozy.
Parmi les dix-sept signataires de « sensibilités diverses », on trouve également les socialistes Bertrand Delanoë, Arnaud Montebourg, le MRC Jean-Pierre Chevènement, le vert Noël Mamère, l'apparenté communiste Jean-Pierre Brard (maire de Montreuil), Maurice Leroy du Nouveau Centre, le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan ou encore Pierre Lefranc, ancien chef de cabinet du général de Gaulle.
Une « monarchie élective »
Tous affirment « avoir en commun un certain nombre de convictions et de valeurs » qui les obligent à « refuser toute dérive vers une forme de pouvoir purement personnel confinant à la monarchie élective ». Ils expriment également « leur attachement » à un certain nombre de principes : « une laïcité ferme et tolérante », « l'indépendance de la presse et le pluralisme de l'information » et « une politique étrangère digne ». Par ailleurs, dans une interview à la revue « Acteurs publics », Philippe Séguin, premier président de la Cour des comptes, se montre assez sceptique sur l'action du chef de l'Etat. « Il s'agira de vérifier la cohérence et l'efficacité des initiatives prises », lâche-t-il à propos des grands chantiers de Nicolas Sarkozy.
Ces nouvelles attaques surviennent alors que Nicolas Sarkozy traverse une mauvaise passe dans les sondages et que sa dernière idée, consistant à demander aux élèves de CM 2 de perpétuer la mémoire des enfants tués lors de la Shoah, suscite la polémique (lire page 10).
Du coup, à trois semaines des élections municipales, c'est François Fillon en personne qui est monté hier au créneau pour dénoncer « une chasse au président ». Lors d'un déplacement de campagne à Laval (Mayenne), le Premier ministre a fustigé la « violence inouïe » des critiques dont fait l'objet le chef de l'Etat. Interrogé sur la tribune de « Marianne », il a regretté une « attitude profondément antidémocratique ».
« Certains responsables politiques, qui n'ont pas été élus par les Français, s'acharnent à tenter de déstabiliser Nicolas Sarkozy », a-t-il déclaré en visant son prédécesseur à Matignon, Dominique de Villepin. Yves Jégo, le porte-parole de l'UMP, estime lui aussi que l'on cherche « à abattre le président de la République ». Dans une interview au « Figaro », il n'hésite pas à parler de « lynchage ».
François Bayrou, Dominique de Villepin et Ségolène Royal font partie des 17 signataires de « l'appel du 14 février pour une vigilance républicaine ». (LP/OLIVIER CORSAN, GUY GIOS ET CAROL AMAR.)