Série La naissance d'une nation t.3
Bibliothèque Québécoise
532 pages
Résumé:
Du 14 septembre 1759 au 28 septembre 1760, en conséquence de la défaite de la bataille des Hauteurs d’Abraham, l’armée britannique occupe Québec, capitale de la Nouvelle-France qui, elle, est toujours française. Pendant cette année, Émilienne Devanchy vit dans la ville conquise, d’où on ne peut sortir et dont les Anglais interdisent l’entrée, l’angoisse des lendemains incertains, se consacrant aux soins des militaires, français et anglais, hospitalisés côte à côte à l’Hôtel-Dieu. De la même trempe que sa sœur Marie, femme d’action et de passion, Émilienne puise dans ses convictions et dans la volupté d’un grand amour la certitude que la guerre est éphémère et que toujours, la vie triomphe.
Mon commentaire:
Émilienne est le troisième et dernier tome de la série La naissance d'une nation. Québec est une ville assiégée. La bataille des plaines d'Abraham a eu lieu. Les deux camps relèvent leurs blessés et enterrent leurs morts. Les français veulent répliquer, mais en attendant, il faut bien vivre. La ville est dévastée. Les hôpitaux débordent, les français et les anglais y sont soignés pêle-mêle. La ville est dévastée et la famine fait rage. La monnaie de papier n'est plus reconnue et les gens s'apauvrissent rapidement.
Émilienne est une jeune femme forte, dans la lignée de celles qui l'ont précédé. Elle est la demi-soeur de Marie. Quand le roman commence, elle a déjà près de trente ans. Elle n'est pas mariée, a longtemps vécu en accord avec les Augustines et a même pensé prendre le voile. Sauf que c'est une femme charnelle, animée par la passion, qui ne trouve pas tout à fait sa place en religion. Déçue par un amour contrarié, elle met toutes ses énergies à offrir son temps auprès des malades. Quand la guerre éclate, elle est réquisitionnée pour servir d'interprète entre le médecin Irlandais qui soigne les blessés et les soeurs qui ne parlent que le français. Bien vite, Émilienne et Timothy se rapprochent...
Campé dans une ville bombardée et assiégée, ce roman met en évidence les tensions qui régnaient entre les Français et les Anglais. Abandonnés par la France qui ne s'occupait plus de sa colonie depuis trop longtemps, les Canadiens-français sont alors attaqués et déchirés, alors que l'ennemi est anglais. Si certains tableaux montrent des militaires cruels, d'autres racontent la presque bonne entente qui peut animer certains groupes. Émilienne ne se sent pas le droit d'aimer librement son irlandais, puisque même s'il n'est pas tout à fait anglais, il n'en demeure pas moins "l'ennemi".
Dans une ville à moitié détruite, décimée par la maladie et la famine, le lecteur assiste aux différentes relations que nouent des gens issus de toutes les couches de la société ainsi que des différents peuples: Français, Anglais, Irlandais, Amérindiens... Si on assiste à de nombreuses manoeuvres militaires et à des décisions politiques, Émilienne est aussi le roman d'une grande passion. Entre la guerre et l'hôpital où elle travaille, la jeune femme rencontre l'amour comme elle ne l'a jamais connu.
La naissance d'une nation est un grand roman en trois tomes, qui couvrent chacun une période particulière de notre histoire. Thérèse se déroulait à l'époque des premiers colons et des guerres iroquoises. Marie était le portrait d'une nation en développement, de l'abandon de la France et de gens qui croyaient en leur pays. Émilienne parle de la bataille des plaines d'Abraham et de l'ascension des Anglais. Trois époques charnières, trois femmes de tête pour les représenter. Cette saga familiale historique nous fait vivre l'histoire avec passion. Nous suivons l'évolution d'une famille au cours de son établissement en Nouvelle-France, à travers les époques. L'amour, la guerre, la mort, la naissance, la famille, le travail, tous les aspects d'une vie qui, à cette époque, ont fait de notre pays ce qu'il est aujourd'hui.
La naissance d'une nation est une belle et passionnante trilogie que je vous encourage à découvrir!
Un extrait:
"-J'aime l'hiver...
Elle avait toujours aimé la saison froide, sa lumière, ses humeurs changeantes sur fond de froidure blanche, la pureté de l'air, le chant du vent qui lisse les surfaces gelées, la chape feutrée dont il couvre la ville en harmonisant les bourdonnements dans une rumeur à demi éteinte.
Prenant un air absorbé, elle continua, après s'être assise sur le canapé:
-C'est l'hiver qui a inventé ce pays, Blanche, et il sait bien le tenir. Tu verras, dans les prochains jours, ce sera l'épreuve la plus périlleuse que les Anglais auront à affronter ici.
-Et ce sera bien fait!" p.324