La présidence française du G20 a obtenu une réunion de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le 25 juillet, à Rome, afin d'aider la Somalie, en proie à une sécheresse exceptionnelle. "La France a demandé et obtenu une réunion à Rome sous la présidence du directeur général de la FAO, Jacques Diouf, pour lancer un programme exceptionnel d'aide à la Somalie", a annoncé, lundi, le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, en marge d'une réunion à Bruxelles avec ses homologues européens. "Nous avons également demandé que l'UE mobilise tous ses moyens" pour faire face à cette situation, a-t-il ajouté, soulignant que Paris débloquait de son côté "son aide bilatérale". La France avait annoncé, vendredi, avoir demandé cette "réunion d'urgence" avant fin juillet pour faire face à la sécheresse dans la Corne de l'Afrique, afin notamment de coordonner l'aide internationale à ses habitants. Le premier ministre britannique, David Cameron, a estimé pour sa part, lundi, à Johannesburg, que la sécheresse qui frappe actuellement l'Afrique orientale était "la plus catastrophique" depuis une génération. "MAINTENANT, TOUT LE MONDE SE RUE POUR FAIRE QUELQUE CHOSE" Mais l'aide d'urgence que la communauté internationale déploie pour venir en aide aux plus de dix millions d'habitants d'Afrique orientale touchés par une gravissime sécheresse ne résoudra pas à elle seule les crises humanitaires récurrentes dans la région, a averti lundi un haut conseiller de l'ONU. "Nous avons mis en garde, presque jour après jour, contre la calamité des terres arides d'Afrique, et la plupart de ce que nous avons dit est tombé dans l'oreille d'un sourd en Europe et aux Etats-Unis", a déploré Jeffrey Sachs, conseiller spécial du secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon. "Maintenant, tout le monde se rue pour faire quelque chose", a-t-il ajouté devant des journalistes à Nairobi. "Si nous continuons à répondre aux sécheresses et crises de cette façon, elles ne prendront jamais fin, il n'y aura pas de solution et l'aide sera toujours trop faible, arrivera toujours trop tard." Selon le conseiller, la sécheresse cyclique dans la Corne de l'Afrique, qui revient désormais plus fréquemment, est due au double effet du changement climatique et de l'extrême pauvreté qui retarde le développement. M. Sachs appelle les pays donateurs et les gouvernements des pays touchés à développer ces régions arides, peuplées essentiellement de nomades et souvent négligées par les autorités. "Nous ne pourrons jamais régler ces problèmes par une réponse d'urgence. Nous devons les régler à travers la prévention", a-t-il ajouté. "Prévention veut dire développement, en particulier développement durable".DOUZE MILLIONS DE PERSONNES MANQUENT DE NOURRITURE Selon la FAO, qui avait, avec le Programme alimentaire mondial (PAM) et l'ONG Oxfam, lancé un appel le 8 juillet à une aide internationale alimentaire d'urgence et durable, 12 millions de personnes manquent de nourriture et sont dans "une situation critique" dans cette région du monde. Les pays principalement concernés sont Djibouti, l'Ethiopie, le Kenya, la Somalie et l'Ouganda. La Commission a déjà alloué le 6 juillet 5,7 millions d'euros pour le plus grand camp de réfugiés du monde, situé à Dadaab (Kenya), portant l'aide de l'UE à la Corne de l'Afrique à 70 millions d'euros depuis le début de l'année. L'ONU vient de son côté de procéder à sa première livraison d'aide alimentaire dans une zone sous contrôle des islamistes shebab, qui avaient contraint la plupart des humanitaires au départ il y a deux ans en imposant des conditions de travail inacceptables, des taxes informelles et l'exclusion des femmes des programmes d'aide. Le mouvement islamiste a promis la semaine dernière de laisser accéder à nouveau les mouvements humanitaires aux populations frappées par la sécheresse, "qu'ils soient ou non musulmans (...) si leur intention est seulement d'aider ceux qui souffrent".
Le Monde