L’agence de notation Fitch Ratings a publié le 17 juillet une note d’analyse sur les entreprises chinoises, pointant de graves lacunes en matière de gestion. Cela fait plusieurs mois que des inquiétudes grandissantes se font jour sur de possibles fraudes comptables. Cependant, point à peine signalé par l’AFP qui s’est arrêté au communiqué de presse, les analystes de l’agence Fitch soulignent que ce risque est déjà pris en compte dans les notations de l’agence et qu’il ne devrait pas y avoir de dégradation générale pour cette raison.
Plus précisément, Fitch insiste sur plusieurs risques; d’une part, l’absence de cadre légal suffisamment développé pour l’activité économique (under-developed legal systems), ainsi que l’inefficacité du politique. Fitch cite ainsi les chiffres de la Banque Mondiale qui donnent une note de moins de 50% à la Chine pour le respect du Rule of Law, et de 30% pour la lutte anti-corruption. En termes de voice and accountability, la Banque Mondiale estime que le pays est en dessous de 10%, et légèrement supérieur à 50% en terme d’efficacité de l’action publique (government effectiveness).
Les auteurs soulignent également des normes comptables trop faibles en termes de communication (documentation standards). L’information disponible pour les investisseurs étant trop limitées, le risque de fraude et d’accusations de fraude est particulièrement élevé. En découle une suspicion généralisée, qui pèse sur les levées de fonds de toutes les entreprises chinoises mais surtout sur celles visées par des accusations (Meanwhile, the affected company will have difficulty accessing the capital markets, especially with an accompanying deterioration in investor sentiment surrounding Chinese companies in general.)
Enfin, Fitch mentionne une gestion des entreprises qui n’est pas au niveau (weak corporate governance). En particulier, les organismes de surveillance ne comptent pas suffisamment de membres réellement indépendants, en particulier en raison de la concentration de l’actionnariat et de l’intervention étatique.
Le rapport étudie 35 entreprises et est publié alors que les entreprises chinoises cotées à l’étranger sont observées de plus en plus près en raison de soupçons concernant notamment des manipulations des comptes. Ainsi cette année les autorités boursières américaines ont-elles suspendu la cotation de plusieurs entreprises chinoises sur fond de soupçons de fraudes. L’agence de notation Moody’s avait déjà averti la semaine dernière sur 61 entreprises chinoises présentant des risques dans la gouvernance et la comptabilité, provoquant de fortes baisses de certaines d’entre elles à la Bourse de Hong Kong.
Face à ces risques, Fitch estime que l’aiguillon susceptible d’améliorer la situation vient des investisseurs étrangers : « Il semble que les investisseurs étrangers font le travail que le marché chinois sous-développé ne fait pas: celui de pousser les responsables d’entreprises chinoises à adopter des standards plus élevés ».