Les pays naissent souvent dans la douleur et le Sud-Soudan a eu son lot en la matière au cours des décennies de guerre contre le Nord. L’accord global de paix (CPA : Comprehensive Peace Agreement) entre le Nord et le Sud, a été signé en 2005 au Kenya sous l’égide de la communauté internationale, pour mettre un terme à une seconde et interminable guerre civile, qui, de 1983 à 2005, décima 2 millions de personnes et en jeta 4 millions d’autres sur les routes.
Après l’indépendance du Zimbabwe (1980), la création de la Namibie (1990), l’indépendance de l’Érythrée (1993), le Soudan du Sud voit le jour par partition. Il devient le 54e états africains.
Malheureusement les festivités à Juba, la capitale, auxquelles une trentaine de chefs d'Etats africains et de représentants du monde entier assisteront, ne marquent pas le retour de la sérénité.
L'Etat reste à construire et il n'est pas vain de le dire. A Juba, la capitale, les infrastructures sont quasi inexistantes : pas de réseaux d'eau, ni d'électricité. Une cinquantaine de kilomètres de routes goudronnées. Le reste du pays n'est que pistes poussièreuses qui deviennent impratiquables à la saison des pluies. L'aide internationale est détournée au profit de certains. Karthoum ( Nord-Soudan) a fermé les axes qui permettaient d'acheminer la nourriture au Sud. Le prix d'un sac de sorgho a plus que doublé. Les fruits, légumes ont pratiquement disparu des étals. Pour beaucoup, l'aide alimentaire internationale reste le seul moyen de se nourrir. Le Sud-Soudan aurait de quoi nourrir ses habitants, sa terre est fertile, bien irriguée. Mais seulement 4% de son territoire est cultivé.
Les trois zones Abyei, les Monts Nouba, et le Nil Bleu méridional font partie du Nord mais
se sont ancrées au Sud.
(Carte : Nathalie Guillemot/RFI)
Les tensions restent vives à la frontière du Nord et du Sud. Dans la région d'Abyei, les affrontements récents ont poussé plus de 100 000 personnes à fuir. Un accord vient d'être négocié sous l’égide du médiateur sud-africain Thabo Mbeki. Il prévoit la démilitarisation d’Abyei et, pour écarter tout risque de confrontation, le déploiement de 4000 soldats de maintien de la paix éthiopiens, une concentration sans prédécent dans une zone de cette taille (10 000 km²). Bien pire, le risque d'un nouveau Darfour n'est pas à écarter, certains témoignages font état d'un nettoyage éthnique des minorités Noubas dans la région du Sud Kordofan.Le partage des revenus pétroliers, en toile de fond de ses tensions, ne se fera pas sans mal.
Entre le Nord arabo-musulman et le Sud chrétien-animiste, les differends (territoire, frontières, pétrole, eau…) sont si nombreux qu'à la fête de ce jour dont on se demande comment elle peut se dérouler avec un coeur léger, plutôt que des chefs d'états, ce serait plutôt une armée de fées qui serait nécessaire pour se pencher sur le berceau de ce nouveau pays.