Curling

Publié le 13 juillet 2011 par Mg

#pariscinema2011 Premier film vu en Compétition lors du festival Paris Cinema, Curling est le 5e film de Denis Côté (depuis 2005 – prolifique!), réalisateur, scénariste et producteur québécois de son état. De quoi se dire que le cinéaste, arrivé à maturité, pourrait livrer une bande digne de son expérience.

Curling, c’est l’histoire d’un père et de sa fille, vivant isolés dans la grande campagne enneigée de l’est du pays. Entre petits boulots et nuits silencieuses, le père vit comme un ermite auprès d’une adolescente qui commence à entrevoir le monde. Denis Côté dresse de prime abord un tableau familial propre à y dessiner une histoire intéressante, entre relation filiale brute et solitaire, dans un monde moderne un peu en retrait. Mais étrangement, le réalisateur choisit de ne pas trop fouiller de ce côté (!), inondant inutilement son scénario d’une succession de scènes sans aucun rapport avec ce qu’on pouvait entrevoir dès les premières minutes : ici on croise un tigre en cage (l’affiche du film – alors que l’animal n’est visible que quelques secondes), là trois cadavres derrière la maison, ou encore un enfant écrasé, une prostituée, un costume de bowling, du curling (quand même)… Tout ceci reste anecdotique, laissant libre court à notre imagination pourtant fertile qui se referme devant l’accumulation de pistes qui nous sont offertes.

N’ayant visiblement pas eu envie d’explorer ce qui attise la curiosité dès le départ (la relation père-fille), Denis Côté multiplie les petites choses pour mieux remplir son récit. Absence de pertinence, ou simple paresse scénaristique, le cinéaste nous laisse vagabonder dans son film (le paysage désertique de la campagne canadienne aidant) sans grand chose pour s’y raccrocher. Certes la mise en scène, brute et posée, est à remarquer, mais cela ne suffit pas. Oubliant de raconter son histoire, Côté s’offre un film esthétique et frontal, dénué de développement autant dans l’histoire que dans les personnages. La scène finale, qui doit faire aboutir ses idées, s’offre comme une libération pour le spectateur. Un film d’auteur donc, mais surtout égoïste, qui laissera la majorité du public dans l’ombre… On aurait pardonné le premier film inabouti, mais ce 5e long métrage résonne comme celui d’une longue marche en solitaire d’un réalisateur obstiné. Sans doute trouvera t-il grâce à nos yeux sur ses prochains projets..