Du 5 juillet au 13 novembre 2011, Les Arts Décoratifs invitent l’un des créateurs de mode les plus innovants et visionnaires de son époque, Hussein Chalayan.
De Puma à la Biennale de Venise, Hussein Chalayan a toujours été un ovni dans le paysage de la mode. Cette année le musée des Arts Décoratifs de Paris lui dédie une exposition mettant en exergue la double préoccupation du couturier chypriote : un discours artistique dans l’industrie de la mode, un créateur qui n’oublie pas l’aspect commercial de son travail.
Né en 1970 à Nicosie, il est obligé de fuir l’île avec son père pour rejoindre l’Angleterre. Après des études au Central Saint Martins College, Hussein Chalayan évolue entre la mode et l’art, et se fait connaître du grand public en 1998 avec un défilé qui marquera les esprits : des femmes nues sous leur tchador. La portée politique du défilé lui vaudra les foudres des barbus islamistes et les projecteurs de la presse, sa carrière est lancée.
A la tête de sa propre maison depuis dix-huit ans, le créateur jouit d’une totale liberté et peut ainsi développer ses projets centrés sur l’exode, les religions, les rapports entre Orient et Occident. En 1999 et 2000, il sera reconnu par ses pairs et recevra le prestigieux prix du British Designer of the Year.
Chalayan s’est également fait connaître par son utilisation du morphing, empruntant les technologies de l'univers de l'automobile et de l'aéronautique, l’exposition débute d’ailleurs par des robes «par avion» qui se plient et se glissent dans les enveloppes, l’avion qui est devenu son emblème. La force de Chalayan c’est d'utiliser la technologie pour susciter l'émotion et la poésie sans se limiter à un processus de réflexion ou à la simple prouesse technique. Ainsi chacune de ses créations est issue d’un processus nourri par ses obsessions (l’exil, la question de l’identité…) et son histoire personnelle comme l’explique Pamela Golbin, commissaire de l’exposition, conservatrice en chef aux Arts décoratifs : «Chaque collection a une histoire politique ou autobiographique».
«Sa place dans la mode est entre innovation et expérimentation, entre le connu et l’inconnu», poursuit Pamela Golbin, car il est certain que Chalayan aura suscité dans le milieu de la mode autant de passions que d'incompréhensions. En effet ses célèbres pièces mécaniques ont la part belle dans l’exposition comme cette robe en résine de l'automne 2011 qui s'ouvre pour laisser échapper cinquante pollens en cristal Swarovski, l’un de ses plus importants mécènes ou encore celles de la collection 111, témoins de la mode mécanisée et actionnée en coulisses par des créateurs d’effets spéciaux.
Mais le créateur au-delà de cette mode conceptuelle, sait aussi toucher le grand public. En 2008, il est nommé d’ailleurs directeur de la création chez Puma où il développera la dimension d'ultra modernité et la praticité de ses créations tout en restant grand public.
Hussein Chalayan a su exprimer sa propre d’idée de la mode et de l’élégance en la passant au tamis d’un discours expérimental et appartient autant au monde de la mode qu’au monde de l’art contemporain.