Quand j’allais dans mon établissement spécial pour handicapé, une fois devenue sourde, j’ai découvert la solidarité, à l’instar des moqueries et cruautés (oui, j’ai bien dit cruautés, les ados sont cruels, ce n’est pas nouveau) que j’avais connues jusqu’alors rien que pour ma myopie. Dans cette école, tout le monde s’entraidait, si bien que lors de mes heures de permanence, je me suis vite retrouvée à aider les éducatrices avec les enfants autistes.
J’ai gardé un souvenir très fort de ces quelques années à m’occuper d’eux, de la différence de la personnalité de chacun, j’y ai cassé mes reins et plusieurs fois mes lunettes, mais je ne regrette rien. Aucune expérience dans ma vie ne fut plus enrichissante que celle-là.
Aussi, lorsque j’ai vu, dans les premières pages de mon catalogue du Club de l’Actualité Littéraire, le livre Mon ami Ben : un chat sauve un enfant de l’autisme, je n’ai même pas réfléchi une seconde et cinq minutes après, le livre était commandé.
Il faut ajoûté à mon vécu décrit ci-dessus mon amour inconditionnel pour les chats, depuis toute petite. Moi c’est simple : sans mon chat, je ne fonctionne pas. Je vais d’ailleurs y consacrer bientôt un article sur ce blog.
Mais revenons à nos moutons. (ou plutôt à nos chats)
La quatrième de couverture :
Comment communiquer la joie de vivre à son enfant lorsqu’il est atteint d’autisme ? C’est la question à laquelle se heurte, Julia, mère célibataire londonienne en élevant George, son fils de neuf ans, qui montre une grande violence envers les autres en général, et sa mère en particulier. L’arrivée d’un chaton aussi seul et perdu que lui va permettre au petit garçon de s’ouvrir aux autres et rendre à sa mère tout l’amour qu’elle lui a donné. Mais, un jour, cet équilibre retrouvé bascule. Laissé seul durant quelques jours, le chat Ben s’échappe. George se replie alors irrémédiablement sur lui-même tandis que Julia, sa mère, va se livrer à une quête désespérée pour retrouver le seul être capable de donner le sourire à son fils. Six mois passeront sans entamer sa volonté, et elle devra traverser le pays malgré la neige et les centaines de kilomètres, pour pouvoir enfin déposer Ben dans les bras de son fils pour Noël. Un témoignage bouleversant prouvant une nouvelle fois combien l’amitié entre l’homme et l’animal peut faire des miracles.
Mon avis :
On découvre d’abord l’immense détresse à laquelle doit faire face cette maman : son bébé pleure jour et nuit, presque sans s’arrêter, impossible pour elle de le toucher ou de le regarder dans les yeux sans que cela ne déclenche une crise. J’avais beaucoup de peine pour Julia, mais encore plus pour le petit George. Comme il devait avoir peur! Et rien ne pouvait le rassurer, le consoler. Chose qui ne s’est guère améliorée en grandissant, surtout quand les spécialistes n’y mettent pas du leur et envoient balader Julia avec des phrases telles que : « Tous les enfants sont différents« , « Ça va lui passer » « Soyez plus ferme avec lui« , etc.
George grandit enfermé dans un monde à part, dans lequel l’amour n’a pas sa place. Julia Romp décrit, avec des mots simples mais poignants, sa détresse de ne pas pouvoir donner d’amour à son fils ni d’en recevoir.
L’arrivée de Ben, ce chat errant, dans leur jardin, va tout changer. George devient plus loquace, petit à petit on le voit découvrir la joie des jeux et du partage. J’ai souvent ris aux larmes en lisant les histoires qu’il inventait et qu’il racontait à Ben ou à Julia.
Ben impose très vite son territoire : il ne tolère ni chats (« parce qu’il a des allergies » selon George) ni chiens, mais affectionne Fluffy, le petit lapin, et est toujours partant pour suivre George n’importe où.
J’ai été émerveillée, tout simplement, de voir à quel point cet enfant s’ouvrait aux autres et à lui-même d’ailleurs, grâce à Ben. Je savais déjà que les relations avec les animaux pouvaient beaucoup aider, mais à ce point… C’est comme si Ben était l’autre moitié de George.
Aussi, j’ai parfaitement compris la détresse de Julia lorsque Ben a disparu. Aussitôt, George s’est refermé sur lui-même et est redevenu l’enfant d’avant. Mais c’est sans compter sur l’admirable persévérance et le courage exceptionnel de Julia qui va tout mettre en oeuvre pendant plusieurs mois pour retrouver Ben, finalement à cinq heure de route de la maison, au bord de la mer.
Comment Ben a-t-il atterri là, lui qui ne s’éloignait jamais du jardin ? Personne ne le saura jamais. Mais j’ai cependant une hypothèse : Ben, voyant son maître parti en vacances, a peut-être tenté d’aller le retrouver, comme dans L’incroyable voyage. J’avais vu un reportage une fois sur un chat qui avait remonté à Paris depuis Nice pour retrouver sa maîtresse qui avait déménagé, il a mis neuf mois en tout. Peut-être Ben a-t-il voulu aller jusqu’en Egypte pour retrouver George ?
J’ai trouvé ce qu’à fait Julia tout simplement admirable. A travers cette histoire, elle nous sensibilise aussi à l’importance de faire pucer son chat, et je suis entièrement d’accord avec elle : cela aiderait beaucoup de famille et beaucoup de chat s’ils étaient pucés. (Et bien sûr, stérilisés).
Maintenant, côté figures de style, ça reste le témoignage d’une maman, ce n’est pas de la grande littérature (dommage pour les littéraires, les vrais!), il y a pas mal d’erreur de traduction, et les prénoms de George et de Ben sont souvent interchangés, ce que je trouve un peu dommage parce que « j’ai installé une litière à George dans les toilettes« , ça le fait moyen.
Mais ça reste une très très belle histoire, je n’ai pas choisi ce livre pour lire un classique de la littérature, mais pour l’histoire en elle-même, et je trouve que pour un premier livre, sur un sujet aussi sensible que l’autisme, Julia Romp s’est débrouillée comme un chef.
Bref, un superbe livre que je vous recommande chaudement.
Les coordonnées du livre :
- Titre : Mon ami Ben : un chat sauve un enfant de l’autisme
- Auteur : Julia Romp
- Editions : Jean-Claude Gawsewitch
- Collection : LITTERATURE
- Nombre de pages : 350
- Nombre de chapitres : 15
- ISBN : 9782350132679