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L’auteur :
Hisham Matar est né de parents libyens à New York et a passé son enfance en Amérique où son père travaillait pour la délégation libyenne de l’ONU. Sa famille est rentrée à Tripoli lorsqu’il avait 3 ans, il y a alors passé le reste de son enfance. Son père fut arrêté sous le régime Khadaffi et accusé de trahison, ils furent alors obligés de quitter la Libye et de s'exiler d'abord en Egypte au Caire où lui et son frère ont terminé leurs études, puis en Angleterre où il termina ses études et devint architecte.
En 1980, son père, toujours considéré comme dissident par le régime Khadaffi, est kidnappé et rapatrié vers la Libye. Il est d'abord porté disparu, puis en 1986, la faille reçoit deux lettres de sa main qui les informe qu'il est prisonnier dans la prison Abu-Salid de Tripoli. Depuis, plus de nouvelles...
Hisham Matar a commencé par écrire de la poésie et du théâtre. Il a commencé à écrire son premier roman en 2000 'Au Pays des Hommes' qui fut dans la shortlist pour le Booker en 2006.
L’histoire :
Tripoli, 1979. La société libyenne étouffe sous le régime autoritaire du colonel Kadhafi mais le jeune Suleiman, neuf ans, a bien d’autres soucis : il s’ennuie sous l’écrasante chaleur estivale. Son père est absent, on le dit en voyage d’affaires. Sa mère, adorée, crainte, erre dans la demeure, de plus en plus souvent ivre, et délire jusqu’à épuisement. Tout est murmure, tout est secret, tout est hostilité.
Mais bientôt le monde du petit Suleiman bascule : en plein centre-ville, un matin, il aperçoit Baba, son père, caché derrière d’épaisses lunettes noires. Pas un signe, pas un geste, l’homme les ignore, sa mère et lui.
Subtilement, la peur et le doute s’installent dans la vie de Suleiman. Qui sont ces hommes en armes qui viennent fouiller la maison ? Pourquoi le père de Karim, son meilleur ami, est-il emmené par la police ? Comment se fait-il que sa mère brûle un à un les livres de la bibliothèque, jusqu’alors véritable trésor familial ?
Ce que j’ai aimé :
J’ai repéré ce roman dans un article de Courrier International qui pointait les romans capables de nous en apprendre davantage sur un pays qu’un documentaire. Et en cela, ce roman est effectivement remarquable. En choisissant d’adopter le point de vue du jeune Suleiman, l’auteur parvient à créer une tension implicite plus forte que toutes les explications. Le lecteur adulte peut combler à sa manière les blancs inhérents à l’histoire et découvrir ainsi de multiples ramifications à ce roman qui ne parle pas seulement de la Libye de Kadhafi et des régimes totalitaires, mais qui interroge aussi le courage, la traîtrise, l’amour d’une mère. Il évite le pathos toujours grâce au point de vue de cet enfant un brin égoïste, qui aimerait être le centre du monde, mais sent qu’on lui cache des choses importantes.
« De la sollicitude. Je pense que c’est ce que je cherchais désespérément. Une sollicitude chaude, stable, immuable. En un temps de sang et de larmes, dans une Libye pleine d’hommes couverts d’hématomes et maculés d’urine, taraudée par le manque et désireuse de se libérer, j’étais cet enfant ridicule en quête e sollicitude. Et même si je n’y songeais pas en ces termes à l’époque, l’auto-apitoiement avait viré à la détestation de soi. » (p. 227)
Si bien que pages après pages, ce roman réussit le rare challenge de devenir universel, et de s’intégrer majestueusement dans la lignée des chefs d’œuvre de la littérature.
Ce que j’ai moins aimé :
-Rien.
Premières phrases :
« Je me souviens à présent de ce dernier été, c’était avant que l’on ne m’envoie loin d’ici. Nous étions en 1979 et le soleil noyait tout. Tripoli s’étendait au-dessous, éclatante et immobile. Tous les humains, les animaux, les fourmis se mettaient désespérément en quête d’ombre, de ces rares taches grises et miséricordieuses sculptées dans toute cette blancheur. »
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D’autres avis :
Lecture commune avec A girl from earth
Au pays des hommes, Hisham MATAR, traduit de l’anglais par JF HEL GUEDJ, Denoël et d’ailleurs, 2007, 329 p., 20 euros