Le 14 juillet 2011 était pourtant marqué par le signe du deuil des soldats morts en Afghanistan, mais c’était sans compter avec les grands comiques de la politique. Comiques est un contresens d’ailleurs et l’aspect tragique serait plus adapté.
C’est en ce jour que Madame Éva Joly choisit de nous déclarer clairement son hostilité à cette démonstration militaire en revendiquant la suppression de cette fête Nationale sous une telle forme. Elle propose de remplacer ce défilé par un autre «citoyen», celui-là : "J'ai rêvé que nous puissions remplacer ce défilé (militaire) par un défilé citoyen où nous verrions les enfants des écoles, où nous verrions les étudiants, où nous verrions aussi les séniors défiler dans le bonheur d'être ensemble, de fêter les valeurs qui nous réunissent"
Sa victoire écrasante sur Nicolas Hulot monte sans doute à la tête de l'ancien magistrat. On connaît l’antimilitarisme d’une partie de l’échiquier politique qu’elle revendique de représenter et de séduire, mais elle aurait pu s’abstenir de se mêler des actualités sur le pavé du côté de l’avenue du Fouquet’s. Elle aurait pu aussi, reconnaître l’utilité du crottin des chevaux de la Garde Républicaine, engrais de grande qualité pour les petits jardins … Mais vecteur du tétanos, rien n'est parfait.
Depuis la victoire d’Éva Joly à la primaire on sait maintenant que EELV ne fera pas un bon score aux prochaines présidentielles. Poursuivant cette veine, Eva Joly pourra s’enorgueillir de descendre le score des écolos aux alentours du minimum militant.
Finalement pas très grave tout ça si la polémique qui a suivi la saillie n’avait pas aggravé les choses pour toute la gauche. Finement, François Fillon, se saisit du sujet et balance une grenade que chacun appréciera, mais qui colle parfaitement au vrai ressenti des braves gens. Depuis Abidjan où il est en visite officielle, il se rue sur la binationalité (Eva Joly, née à Oslo, a la double nationalité française et norvégienne) : «Je pense que cette dame n’a pas une culture très ancienne des traditions françaises, des valeurs françaises, de l’histoire française.» «Si chaque année nous rendons hommage à nos forces armées le jour de la fête nationale, c’est parce que nous rendons hommage à une institution qui assure la défense des valeurs de la République française, de la liberté, de la fraternité, de l’égalité» […]«Je pense qu’il y a bien peu de Français qui partagent l’avis de Mme Joly.» (sic)
Ces propos, à mon avis parfaitement compris et acceptés par la grande masse de nos concitoyens (à tort ou à raison, la n’est pas la question ici) déclenchent des réactions en chaîne sur toute la partie gauche de l’échiquier. Ainsi Martine Aubry, très vigilante à maintenir son image « très gauche » en remet une couche du genre : "Si j'étais présidente de la République, j'aurais un premier ministre qui traite comme ça un de mes citoyens, et bien je lui demanderais de partir"
On ne peut guère être plus à contre-courant de l’opinion. Avec la compétition Aubry-Joly, l’assurance est donnée d’une succession de bévues de ce type d’ici le mois d’octobre, moment du vote de la primaire socialiste. Une fois de plus, François Hollande ne s’aventure pas dans ce genre de polémiques inutiles et finement proposées par l’UMP. Il préfère engranger du « sérieux », à l’image de sa prise de position sur la dette et sa nécessaire correction rapide. Il est facile de prévoir qu'ainsi l'UMP lancera des grenades de ce type sur lesquelles les challengers viendront exploser. On appelle ça "faire de la politique en creux" et ce genre de manœuvres fonctionnent souvent très bien : provoquer une déclaration inappropriée chez l'adversaire est le BA BA de la politique.
Il serait beaucoup plus difficile de discourir sur la Grèce, l’Italie, l’euro, de proposer des visions et des solutions crédibles, que de dauber sur les sabots des chevaux sur les Champs Élysées.
Pour la gauche la machine à perdre est en marche et bien rodée. On pourrait ajouter la demande du "club DSK" au Parti socialiste de «confirmer l'exception» Dominique Strauss-Kahn pour la primaire PS, alors que Maître Jean-Pierre Mignard, membre de la haute autorité chargée de la contrôler, a affirmé que le dépôt des candidatures était terminé pour tout le monde. Comme "exception" il faut reconnaître que DSK se pose là ! Vous l'avez compris, nous sommes bien loin d'avoir tout vu.
Même Jean-Luc Mélenchon, ne peut éviter la "flaque d'huile" larguée par le pilote Fillon : «C'est insupportable, c'est de la xénophobie à l'état pur!», a-t-il tonné , l'un des premiers soutiens d’Éva Joly dans cette affaire complètement nulle du défilé.