Fichu weekend. Sarkozy est arrivé, décomplexé, dès vendredi au Fort de Brégançon. Il s'est montré en mini-voiture, sa douce et tendre à ses côtés. Il a fait du vélo. Il a nagé. Sarkozy bosse à mi-temps. Il se fait oublier.
Il est à nouveau en vacances pour 4 jours. Sa prochaine apparition publique est prévu mardi.
Sarkozy glande, la France souffre, l'Europe s'emballe, le monde se déchire.
Cherchez l'erreur.
Sarkozy se repose
Ses conseillers travaillent pour lui. Mercredi, ils ont eu peur. Les photos de Nicolas et Carla en couverture de Match ont failli plomber les efforts de communication de ces derniers jours. Il paraît que « ça frémit » dans les sondages. Il ne faudrait pas tout ruiner. Jeudi 14 juillet, en urgence, on a donc convoqué Nice-Matin (le même journal qui a fourni un reportage TV sur l'absentéisme scolaire mettant en scène l'attachée de presse du député UMP Eric Ciotti en « mère de famille éplorée»). Le quotidien local fut trop heureux de consacrer sa couverture à une interview de Carla Bruni-Sarkozy célébrant la compassion et l'effort de son « mari ».
Parmi les conseillers, Brice Hortefeux tient une place de premier ordre. Malheureusement, il est toujours aussi mauvais et gaffeur : « La tendance est à la hausse pour Nicolas et il n’y a pas d’appétence pour les socialistes » a-t-il expliqué dimanche au JDD. « Depuis l’automne dernier, il n’y a plus de faute. Maintenant il faut tenir. » Depuis l'automne, Sarkozy a loupé le Printemps arabe, remanié deux fois son gouvernement, et raté la crise de l'euro. Aucune faute ?
Finalement, ce type est dangereux.
Quatre des conseillers sarkozyens préparent l'après-2012. Ils se présenteront à la députation l'an prochain. Le JDD nous apprend que le secrétaire général adjoint Jean Castex (maire de Prades) visera les Pyrénées-Orientales, Boris Ravignon les Ardennes, Éric Schahl le Bas-Rhin, et Sophie Dion la Haute-Savoie.
Mardi 19 juillet, le Monarque s'affichera à la « cérémonie nationale d'hommage aux soldats tombés dans l'accomplissement de leur devoir en Afghanistan », aux Invalides. Le communiqué élyséen précise que le Monarque commencera par rencontrer « à huis clos », les familles des militaires décédés au Palais de l'Élysée. Après deux déplacements en province et un conseil des ministres, Sarkozy repartira en weekend prolongé dès jeudi soir, 21 juillet.
La vie est belle à l'Elysée.
Fillon dérape
A Paris, Eva Joly, la candidate écologiste à l'élection présidentielle, avait lâché qu'elle préfèrerait remplacer le défilé militaire du 14 juillet par un défilé citoyen. Sarkozy a laissé ses sbires répliquer sur le thème de l'identité nationale : Mme Eva Joly ne comprendrait rien à notre Grande Histoire (Henri Guaino, conseiller élyséen), elle n'est pas assez Française (François Fillon, premier ministre ou Lionnel Luca, député UMP), elle devrait repartir en Norvège (Lionel Tardy, député UMP), elle incarne l'anti-France (Guy Tessier, président UMP de la Commission Défense à l'Assemblée). Pour un peu, Brice Hortefeux lui aurait retiré la nationalité française qu'elle n'a que depuis ... 50 ans.
Samedi, François Fillon en rajoute. Il sillonne l'Afrique. La Françafrique, c'est important. Fillon l'a qualifié de « logiciel dépassé ». Fillon, comme Sarkozy, aimerait que l'influence française dépasse les frontières des seules anciennes colonies francophones : « la France a décidé de réorienter radicalement sa politique en Afrique ». C'est la seule différence d'avec l'ancien concept. Pour le reste, la Sarkofrance restera un «partenaire privilégié» en Côte d'Ivoire grâce aux 900 soldats français qu'elle laissera sur place. Nicolas Sarkozy l'a confirmé en juin dernier, lors de l'inauguration .
D'abord en Côte d'Ivoire, le premier ministre espère bien qu'Alassane Ouattara, le nouveau président, se souviendra du soutien français. Jeudi dernier, il a joué à la droite « décomplexée ». Quand il est arrivé à Abidjan, François Fillon fut accueilli par un orchestre. Ce dernier, lucide, jouait, « Just a Gigolo ».David Douillet, nouveau secrétaire d'Etat pour les électeurs Français de l'étranger était du voyage.
De Libreville, dimanche, Fillon complète son attaque contre Eva Joly : « On me dit qu'il y a une polémique en France sur les propos que j'ai tenus en réponse à Madame Joly qui proposait de supprimer le défilé militaire du 14 juillet. Je vais vous dire: je m'en félicite parce que je suis en colère. » L'homme sait donc perdre ses nerfs pour des polémiques futiles. Il se murmure qu'il aimerait conquérir la Mairie de Paris en 2014 avant, en 2017, la prochaine présidence.
On s'en souviendra.
Baroin se/nous trompe
Vendredi, François Baroin pavanait. L'European Bank Authority venait de rendre publics les résultats des « stress-tests » des banques européennes. Huit banques ne les ont pas réussi. Aucune n'est française. Baroin était « trop » content.
Ces stress-tests visaient à évaluer les capacités de résistances des banques en cas de krach boursiers. Mais pas en cas de faillite d'un Etat, ou de crise de l'euro. En d'autres termes, ces tests ne donnent aucune indication sur l'état de résistance de nos banques si la Grèce sort de l'euro, pour dévaluer sa monnaie par exemple. Le test évaluait le niveau de fonds propres d'une banque par rapport aux actifs détenus, pas le risque de défaut d'une dette souveraine.
Pire, la France n'a présenté que 4 banques, contre douze pour l’Allemagne et vingt-cinq pour l’Espagne. Sur Electron Libre, Alexandre Kobbeh rappelle que « l’agence Reuters, en simulant ce « stress test » avec les critères de Bâle III (7%), fait tomber 41 banques sur 90 (dont deux françaises) ». Sur son blog, Georges Ugeux, banquier d'affaires, complète : « les stress tests des banques européennes constituent un faux ». Ou encore : « l’Europe vient de franchir un pas dangereux pour sa crédibilité: (...) elle a accepté de camoufler une situation infiniment dangereuse pour une partie de son système bancaire ».
En Syrie, quelques dizaines de civils ont été à nouveau tués ce weekend par les forces de Bachar El Assad.
Ami sarkozyste, où es-tu ?