"A Degree of murder" ("Vivre à tout prix") ("Mord und Totschlag") : une muse du rock et la nouvelle vague

Publié le 18 juillet 2011 par Vierasouto

Pitch.
Après avoir tué accidentellement Hans, son ex-amant, Marie part à la recherche d'un homme pour l'aider à cacher le corps. Elle finit par former un trio quasi-amoureux avec Gunther et Fritz.

Un couple s'amuse avec un revolver, fait du stop... Plus tard, Marie, la jeune femme, va se coucher dans son studio, un masque de beauté blanc sur le visage. Hans sonne, tambourine, ils se sont disputés, il vient prendre ses affaires mais exige de coucher avec elle comme geste d'adieu. Elle refuse, ils roulent par terre, une bagarre plutôt ludique mais le coup de feu part, Hans est mort. Marie sort dans les bars à la recherche d'un homme providentiel qu'elle payera 500 marks pour l'aider à transporter le corps. Elle finit par tomber sur Gunther qui n'a pas dormi de la nuit. Gunther accompagne Marie dans son studio, elle le séduit. Plus tard, il faut se procurer une voiture, un copain pour donner un coup de main, ce sera Fritz qui plait aussi à Marie comme un peu tous les hommes, ils forment rapidement un trio intime.
  Ce film est typique de la nouvelle vague fauchée avec un trio de jeunes gens qui n'aiment pas leur vie, filmés au plus près dans une économie drastique de moyens, les décors, un intérieur, une voiture, la campagne, le même imperméable blanc pour Marie tout le long du récit, sans personnages secondaires ou presque. Marie est serveuse, rêvait d'autre chose, un peu révoltée, chez qui tout est jeu, enterrer Hans, lâcher le volant dans la voiture de location, se rouler dans l'herbe chez l'austère tante de Fritz. Une existence ludique, apathique, sans illusions, ce cadavre qu'ils vont enterrer, on le trouvera sans doute, pense Marie qui y pensera plus tard, poursuit sa vie malgré tout, les amours sans lendemain, le train-train, elle subit en se faisant plaisir le plus souvent possible. Le titre français "Vivre à tout prix" donne le ton. Génération d'avant le SIDA, la phobie du tabac, Marie craint vaguement de tomber enceinte, c'est tout, quand on enroule Hans mort dans un tapis, elle allume une cigarette, change de pullover pour un modèle identique, écrase une larme, parfois.

photo TCM
Bien que ce film ait une valeur documentaire d'une époque plus qu'un véritable intêret cinématographique (excepté la lumière rouge nimbant la nuit de Marie dans son studio avant le meurtre, certains plans d'intérieur), il a quelques atouts de poids : la musique du film est signée Brian Jones, à l'époque le compagnon d'Anita Pallenberg (Marie) que le réalisateur, Volker Sclöndorff dont c'est le second film en 1967 après "Les Désarrois de l'élève Törless" (1966), filme amoureusement tous les gestes et mimiques, son visage zéro défauts, sans aspérités, regard mat, cheveux blonds décoiffés, froissés, son corps parfait, son mélange de naturel et de poses à la Bardot/Mireille Darc. On pourrait même dire que le film est un portrait d'Anita Pallenberg, symbole de liberté, de séduction, une des muses les plus célèbres du rock et des Stones, en particulier (elle plaqua Brian Jones pour Keith Richards). On la retrouvera la même année chez Vadim dans "Barbarella" face à Jane Fonda et plus tard au cinéma dans "Performance" (1970) de Donald Cammel aux côtés de Mick Jagger.
A noter qu'il faut être motivé pour découvrir ce film qu'on a programmé à 3h55 du matin sur TCM le 15 juillet...