Chronique du lundi 18 juillet 2011.
Je suis mal à l’aise avec la préparation de l’équipe de France. Entre le tour de France des endroits les plus improbables et un discours axé sur le fait que les joueurs ne doivent pas s’ennuyer, il y a plusieurs choses qui me gênent. Toujours à raler ? Peut-être. Mais on a le droit de s’inquiéter quand les choses nous tiennent à coeur…
Ceux qui trouvent le temps long n’ont qu’à rentrer chez eux :
Le discours depuis le début est de dire que la préparation a été construite pour que les joueurs ne ressentent pas de lassitude psychologique pendant toute cette phase préliminaire. Mais si ça les embête de préparer la Coupe du Monde, qu’ils rentrent chez eux ! D’autres prendront leur place. Je ne comprends pas ce discours qui veut que l’on doit offrir un décor et des activités distrayantes aux joueurs. Ils sont réunis pour préparer l’événement le plus important du rugby mondial et, apparemment, il faut trouver des activités qui les distraient. Surprenant. D’autant plus que même si je veux bien croire qu’une certaine lassitude s’installe au bout de plusieurs semaines, il me parait intéressant justement de capitaliser dessus pour avoir des joueurs focalisés sur l’évènement qui attendent les premiers matchs comme le seul moyen de se sortir de la période de préparation physique. L’équipe de France en tirerait un certain bénéfice en termes de concentration et d’envie.
L’organisation a été centrée sur la non saturation psychologique des joueurs. Ce qui veut dire que depuis le 30 juin, il y a toujours pratiquement chaque semaine une coupure de plusieurs jours pour inclure une activité extra-sportive afin que les joueurs s’aèrent l’esprit. A cela se rajoute une coupure de 5 jours où les joueurs rentreront chez eux, coupure qui sera de nouveau d’actualité après le stage de Falgos et avant le départ en Nouvelle-Zélande. Du coup, quand on fait le point sur le nombre de jours passés à véritablement travailler physiquement, on se situe à peu près à 12 jours sur 21 possibles jusqu’à maintenant. Et sur la période qui va jusqu’au départ en Nouvelle-Zélande, il faut ajouter non seulement les 2 périodes de repos de 6 et 4 jours où les joueurs rentrent chez eux, mais aussi la complication des préparations des matchs amicaux qui, au moins sur 2 jours, va handicaper le vrai travail de fond au bénéfice de la compétition ( indispensable bien sûr ) et on se retrouve avec un total de 34 jours travaillés pour à peu près 27 jours non travaillés dans lequel il faut inclure des déplacements longs et fatigants ( Marcoussis – Chambon- Paris- Retour maison – Falgos- Marcoussis- Retour maison – Bordeaux – Dublin – Paris – retour maison – Marcoussis- Auckland ). Ce n’est pas ce que j’appelle optimiser le peu de temps donné au squad pour préparer l’équipe.
Dans ma réflexion, je vois plusieurs sujets d’inquiétudes. En premier, le fait que le stage de cohésion ne soit pas en début de préparation mais au milieu de la montée en puissance physique. Au lieu de capitaliser sur les 10 premiers jours de travail, on oblige les joueurs à voyager, à dormir 2 h dans des tentes et à leur faire faire des activités certes physiques mais très loin de leurs besoins. Du coup, il y a une perte d’au moins 4 jours en plein milieu de la période de travail intense. Embêtant alors que cela aurait été si simple de commencer par cet exercice de style et de cohésion. Ensuite l’équipe de France est l’équipe la plus en retard : pas d’équipe type pour les trois-quarts, pas de fond de jeu, pas de certitude,… Du coup, c’est celle qui a le plus besoin d’optimiser le peu de temps qui lui reste. Pas obligatoirement en faisant exploser les charges de travail mais en commençant, dès le départ, à mettre des séances techniques et tactiques. Or, en plus d’avoir 27 jours perdus sur 61 au total, l’équipe de France n’a véritablement commencé le travail rugby que depuis cette semaine. Autant de temps de perdu pour une équipe qui en a peu. Si on ajoute 10 jours de vacances totales qui arrivent dès cette semaine, autant dire que l’équipe de France se hâte lentement.
Un préparateur physique de moins de 30 ans :
Je veux bien que la valeur n’attende pas le nombre des années et qu’il faut aller chercher les compétences là où elles sont, mais je découvre avec stupeur que le responsable de la préparation physique de l’équipe de France est un jeune homme de même pas 30 ans qui possède comme expérience l’encadrement du Paris Université Club qui vient brillamment de passer de Fédérale 2 à Fédérale 3 et de l’équipe de France des moins de 20 ans. Soit Julien Deloire est un génie qui était jusque-là incompris, et je suis le premier à me féliciter qu’il ai trouvé chaussure à son pied, soit on assiste encore à une incroyable légèreté de la part de la FFR en laissant quelqu’un sans véritable expérience être responsable d’un des paramètres les plus important sur la performance de l’équipe. Est-ce que le rugby français ne possède pas de préparateurs physiques qui ont fait leurs preuves en club, par exemple, et qui pourraient faire profiter l’équipe nationale de leur expérience ? Apparemment non.
C’est vrai que la préparation physique peut s’apprendre dans les livres et n’est pas la chose la plus compliquée qui soit. Néanmoins l’équipe de France se retrouve à expérimenter une préparation nouvelle sans aucune validation par des résultats passés. Je suis plutôt favorable à expérimenter des choses nouvelles en termes de préparation, mais je préférerais que de telles expériences soit tentées par quelqu’un d’expérience qui à l’habitude de connaître les réactions du corps humain et qui est capable de moduler selon les réactions. Alors que là, on est passé directement des livres à l’expérimentation. Julien Deloire a peut-êtredes qualités, il en a certainement, et sa stratégie peut payer, mais l’équipe de France est en train de jouer à la roulette russe et personne ne sait combien il y a de balles dans le barillet…
Mais j’ai gardé le plus drôle pour la fin. Cette semaine, lors du premier entraînement purement rugby, Marc Lièvremont s’est rendu compte qu’il n’avait que 23 joueurs disponibles seulement et s’est ouvert auprès de la presse des problèmes que cela posait. A côté de Marc Lièvremont, le Monsieur Hulot de Jacques Tati passe maintenant pour quelqu’un qui avait toute sa tête…
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