Ce qui faisait tout l'intérêt du livre, et que l'on retrouvait en partie dans le film précédent, c'était la longue errance de Harry, Hermione et Ron, leurs doutes, leurs peurs, leurs engueulades. Puis, au fur et à mesure que l'on approchait du dénouement, les révélations sur la part d'ombre de Dumbledore, ses relations avec sa sœur, son frère et Grindelwald ; sa quête des reliques de la mort, ses erreurs telles qu'il les explique à Harry à la fin ; Voldemort vu à travers le prisme de sa profonde incapacité à s'intéresser à des choses telles que "des elfes de maison, des contes pour enfants, de l'amour, de la loyauté, de l'innocence et il n'y comprend rien".
Cela dit, ne crachons pas dans la pensine : le film est bien construit, sans longueurs, et on ne voit pas passer les deux heures. Ce ne sont pas des gallions dépensés en vain, on passe un bon moment de cinéma, avec ce qu'il faut d'émotions, de spectacle et de musique prenante. Mais comme tous les films, celui-ci pêche par ses raccourcis et ses simplifications. L'attaque de Gringotts était presque trop simple, Rogue n'est pas assez malheureux et Neville Londubat pas assez époustouflant. Quand Harry annonce à Ron et Hermione qu'il va se faire tuer par Voldemort (c'est pas dans le liiiiivre ! Sacrilège !), c'est à peine s'ils le retiennent. Ça fait partie du plan, c'est juste un mauvais moment à passer, je me fais tuer et je reviens, faites pas de conneries pendant mon absence.
Pire, on n'a pas vu Graup, le demi-frère géant de Hagrid, on n'a pas vu les centaures et les elfes de maison prendre part à la bataille finale ! Et le combat final entre Harry et Voldemort, celui que tout le monde attendait depuis 10 ans, était surjoué. J'admets, le côté visuel était là. Trop peut-être : ce n'était pas la fin du Seigneur des ténèbres, c'était Règlement de comptes à OK Poudlard, avec roulés-boulés dans la poussière, coups bas et projections dans des décors qui s’écroulent. Et sorts-rayons lasers qui se repoussent en rouge et vert, juste avant la désintégration finale du méchant, pour le côté flashy et Star Wars like.
Mais tout cela n'est pas très grave. On a passé un (dernier) bon moment avec Harry, on a bénéficié des derniers conseils de Maitre Dumbledore au padawan Potter (alors que dans le livre... oui, bon, on sait) et on a tous eu un petit pincement au cœur à la toute fin, quand le Poudlard Express part une nouvelle fois du quai 93/4, 19 ans plus tard, emportant les enfants de la petite bande vers de nouvelles aventures.
Car comme dans toutes les belles histoires, ils furent heureux et eurent plein de petits sorciers.