Étape 15 : Limoux – Montpellier
Pas envie de forcer mon (immense) talent, pour décrire l'indescriptible tant cette étape a été ennuyeuse, nonobstant le fabuleux numéro de poursuiteur de l'unique survivant de l'échappée du matin, Terpstrat qui pouvait compter sur une seule chose, toujours possible : un gigantesque gadin collectif dans les deux derniers kilomètres. Beau démarrage de Philippe Gilbert qui ne visait pas la gagne mais la désorganisation complète du train HTC, sans qui le Cav' est assez mal... en principe. D'autres auraient alors marqué, privant le Rosbif de ses 45 points.
Mark Renshaw, le coureur australien de l'équipe HTC est revenu à l'antenne d'Eurosport, sur la victoire de son coéquipier Mark Cavendish ce dimanche, lors de la 15e étape du Tour. "Notre équipe a encore démontré sa solidité aujourd'hui. Nous avons vraiment fait un travail extraordinaire. Nous sommes ici pour que Mark (Cavendish) remporte des étapes, donc c'est une grande joie". Qu'ont ressenti les coureurs d'HTC quand Gilbert est sorti à 3 km ? "Nous n'avons été nullement affolés, on ne s'est d'ailleurs rien dit, et fait les choses naturellement. Tout le monde a tenu sa place. C'est bien pour Mark, car il a marqué des points dans la quête du maillot vert".
Il y avait du vent, mais aucune bordure. Pas assez de relief pour faire une différence. Un sprint intermédiaire placé de telle manière qu'il n'offrait aucune surprise. Un Voeckler qui a avoué ne pas avoir été en jambes, et qui très intelligemment a donné l'ordre à ses mecs de ne pas rouler : si les sprinteurs veulent la ggane, eh bien qu'ils fassent le train et qu'ils reviennent devant les échappés ! Les deux "bons garçons" ont fait donner leurs gars, et je n'ai pas trop compris pourquoi mais je crois que nous sommes nombreux à ne pas les comprendre...
Mais enfin il faut le reconnaître. Le train blanc des HTC était élimé, suite à la poursuite derrière Terpstrat et malgré tout le Cav' fut implacable. Rien à dire, c'est le plus rapide. Si Fifi veut le maillot vert, avec l'avance conséquente que le Cav' a prise aujourd'hui, il n'y a qu'une solution : le mettre hors-délais dans une des étapes alpestres à la fois courte et dure (donc avec des délais d'élimination relativement courts); Il y a une possibilité... Chez OMEGA, on a une révélation de la grimpe (qui porte d'ailleurs me maillot à pois) : Vanendert. Lui faire faire une sorte de CLM individuel, imposer un tempo infernal dans une de ces étapes, pour raccourcir ces délais quitte à se cramer et à perdre la victoire d'étape. Mais cela ne vaut-il pas, plutôt, la peine de garder ce maillot à pois ?Le film :
Etape 15: Limoux - Montpellier par tourdefrance
Le vélo pour les nuls – l'assistance aux coureurs du Tour.
Chaque équipe dispose, pendant l'étape, de deux voitures suiveuses (l'une destinée à se glisser éventuellement derrière l'échappée, l'autre restant dans le peloton). L'ordre de placement des voitures est fixé en fonction du classement, celle de l'équipe du maillot jaune étant la première, juste derrière la voiture de la direction de course. Ces voitures sont à même de ravitailler les coureurs et de les dépanner. Le directeur sportif communique avec eux par l'intermédiaire des oreillettes. L'autorisation donnée par le directeur de course de rejoindre une échappée n'est donnée que quand elle a pris une minute d'avance par rapport au peloton. De même, si l'échappée est près d'être reprise, les voitures qui la suivaient doivent se replier (cela pour protéger l'échappée : des voitures donneraient alors un point de mire puis un abri au peloton qui chasse)
Dans la "zone de ravitaillement", des soigneurs pré-postés donnent les musettes aux coureurs… geste acrobatique qui provoque parfois des accidents malgré le savoir faire des uns et des autres. Les cadors ont des équipiers chargés de prendre leur musette en plus de la leur pour éviter une chute ou un retard.
Il arrive que des équipes concurrentes "mutualisent" leurs services, quand par exemple chacune d'elles a la quasi certitude d'avoir des coureurs très retardés pour cause de blessure ou de maladie, pas en mesure de suivre le gruppetto. A tour de rôle, elles délèguent jour après jour un véhicule qui "s'occupera" des deux (cette disposition doit être signalée au préalable à la direction)
En plus de ces voitures, il y a deux véhicules médicaux. Les coureurs peuvent venir consulter et pendant le temps de la "visite", s'appuyer sur la portière en étant dispensés de pédalage. "Curieusement", ces consultations (jamais "bidon" : les cyclistes sont des gens durs au mal) sont néanmoins plus fréquentes dans les montées que sur le plat.
Dans les étapes "spécifiques", quand il est difficile de doubler, de se rapprocher des coureurs (montagne, routes étroites, pavés), il y a également des "voitures neutres" à même de donner une roue au coureur qui a crevé et dont la voiture est éloignée. Nous sommes loin des temps héroïques où le coureur portait des boyaux enroulés autour du torse et réparait lui-même en cas de crevaison (ou se faisait donner une roue par un équipier). Encore plus loin de l'époque d'Eugène Christophe qui a du réparer seul sa fourche dans la forge de Sainte Marie de Campan rejointe après 15 km de marche, recevant une forte amende pour "assistance illégale" : un gamin actionnait le soufflet pendant qu'il cognait à coups de marteau sur le métal chauffé à blanc… ça se passait en 1913.Signalons aussi des motos "assistance médicale" (pour les petits bobos), des motos fraîcheur "neutres" (qui ne donnent que de l'eau, sans aucun nutriment dans les bidons).
Enfin, la "voiture balai" ramasse les coureurs qui abandonnent sur épuisement, si aucun des véhicules de l'équipe n'est disponible. Geste rituel imposé par le règlement : on retire le dossard du coureur qui abandonne.Il y a quelques décennies, un abandon impliquait l'obligation de revenir dans l'humiliante voiture balai (sauf blessure grave qui impliquait une évacuation médicale. Bahamontes a été sommé par Jacques Goddet, le directeur de course, de se prêter à cette procédure) Le passage de la voiture balai sur la ligne indique que "c'est fini, ils sont tous passés"
Tout véhicule, quel qu'il soit (voiture ou motos des équipes, d'assistance, des suiveurs, des reporters, de la télévision, etc.) a pour consigne absolue de ne jamais gêner la course, sous peine d'amende et/ou d'exclusion temporaire ou définitive de la course. Les commissaires seuls sont habilités à donner – ou non – les autorisations de passage. Cette année nous avons été gâtés avec deux chutes très graves provoquées par une moto-photo, et une voiture de France-Télévision.
Rien à voir, mais on va donner la parole à Bernard Hinault à qui on demandait des explications sur le nombre "anormal" de chutes : "le matin, nous les vieux, quand on pose le doigt sur leurs pneus ou leurs boyaux et qu'on dit que c'est trop gonflé... eh bah on est des vieux cons !"
C'est sûr que gonflé à 10 bars, un boyau adhère moins qu'à 7 ou 8, même s'il "rend" mieux et de ce fait limite la fatigue. Mais il faut savoir raison garder...