Nous lisions hier soir que les suédois avaient appris, au travers d’efforts constants, à ne pas agir individuellement aux dépens d’autrui, à avoir le sens de la coopération, à respecter les valeurs communes établies et à croire en leur société. Il faut dire qu’il n’y a pas de miséreux ou de sans-abris en Suède. Mais c’est aussi le pays où les impôts sont les plus élevés au monde. L’autre point, c’est que tout un chacun se préoccupe des questions politiques qui ne sont pas le fait des politiques eux-mêmes ou des journalistes. Ce que nous pourrions considérer en France comme des bruits de couloir, les suédois aiment à débattre tous ensemble et quotidiennement sur un sujet, qu’il soit important ou non. Un contrepouvoir est également présent, l’ombudsman est une sorte d’avocat du peuple qu’on peut saisir quand on se sent lésé par l’administration publique. C’est lui qui décèle les éventuels défauts de la machine administrative et qui réclame les réformes. C’est ce dont nous manquons cruellement en France – ainsi que d’une presse libre.
Après une journée de pluie à la « black rain », avec un vent fort et une pluie incessante, nous nous levons avec un ciel morne, mais la possibilité de se promener au sec… enfin, pour le moment. Nous en profitons pour rejoindre le centre-ville de Falkenberg à pieds, à 4 kilomètres du camping-car, dont 2 en bord de plage. Sur la plage, il y a de très belles maisons en bois. Nous traversons ce qui semble être le terrain de certaines personnes, mais comme la propriété privé n’a pas de sens à ce niveau là en suède, on a le bonheur de passer par plein de petits chemins sans voir sourciller le suédois qui nous lance des « Hey » à tout va pour dire bonjour. Bon, certains sont plus chaleureux que d’autres, mais dans l’ensemble, le climat est relativement cordial. Chacun semble prendre part à l’entretien des espaces verts, car quand on dit que ces derniers n’appartiennent à personne, ce n’est pas la vision du suédois qui sort d’un quasi-communisme : en fait, ils appartiennent à tous. Un peu plus loin, nous croisons des rues complètes de lotissements ou radhus, c’est-à-dire un ensemble de petites maisons, toutes construites selon la même architecture, mais décorées de façon très personnelles. Les façades en bois peint leur confère un aspect traditionnel. Ces radhus sont l’illustration de la société suédoise où « chacun ne doit pas avoir plus que son voisin ».
Le nom Falkenberg viendrait de falk (faucon en suédois). C’est pour cela que l’emblème de la ville est le faucon. Le bourg ressemble aux petites villes de campagne suédoise : rue pavée, maisons de bois, etc. La ville s’est développée à partir du commerce du saumon. Nous avons visité les 2 églises de la ville, mais celle de St Laurent référencée par les guides était en travaux. L’autre, de conception relativement moderne, offre un cadre chaleureux avec beaucoup de boiseries apparentes. Ce qui nous étonne, c’est qu’à 9H du matin, y-a pas un rat dans les rues ! C’est normal, les magasins n’ouvrent qu’à partir de 10H ! Mais comment font-ils ? En plus, tous les magasins sont fermés à 18H. C’est d’ailleurs à cette heure-là qu’ils prennent leur repas du soir. Le soleil se levant à 4H-5H, tout cela ne parait pas très productif. C’est peut-être là, une des caractéristiques des suédois qui se tournent probablement un peu comme nous vers une société de loisirs et où le travail n’a pas la première place dans l’esprit des gens.
Nous aurions bien pris un petit thé vers 10H, mais comme nous avons oublié la carte bleue et que nous n’avons pas encore changé de monnaie, il nous faut rentrer. La plage que nous avons choisie pour garer le camping-car est magnifique : elle est entourée de petits rochers de granits et la végétation composée de fleurs sauvages, de roseaux, et d’herbes dures, affleure le sable donnant à la plage un petit caractère sauvage, mais docile. Le coin est équipé de toilettes (toalett) et de poubelles, ce qui nous permet de faire une vidange avant de reprendre la route. Avec un joli soleil, nous serions probablement restés une journée de plus. Un petit thé sur les rochers et une voiture se gare non loin de nous. Une petite famille en sort et semble récolter des baies ou des pousses de plantes le long du chemin. La cueillette en Suède est une véritable institution. Il y a des formations sur le sujet et les petits suédois connaissent le nom d’au moins 20 variétés différentes. Depuis longtemps, les suédois sont conscient du lien étroit qui nous lie à la nature, mais ils n’ont pu éviter les pluies acides dues à la pollution atmosphérique qui vient de Grande-Bretagne et des pays de l’Est. Des centaines de lacs sont morts : on déverse aujourd’hui régulièrement de la chaux dans les lacs pour essayer de compenser…