Mein Kampf

genre: historique
année: 2010
durée: 1h50

l'histoire: Adolf Hitler, jeune artiste ambitieux, veut prouver qu'il a du talent. Il partage une chambre avec deux hommes d'origine juive, Helzl et Lobtowitz.

La critique d'Alice In Oliver:

Pas facile de s'attaquer à la jeunesse d'Hitler, tout du moins, aux années qui précéderont son ascension en Allemagne.
Pourquoi ? Parce que cette période reste assez floue et que de nombreuses rumeurs entourent le passé du Führer.
Ensuite, le cinéma s'est souvent montré laborieux dans l'approche de ce personnage, le piège étant de sombrer dans la caricature, voire l'excès.

Pour cela, je renvoie à la piètre performance de Robert Carlyle dans Hitler, la naissance du Mal. Toutefois, il faut relativiser un peu puisque Bruno Gantz incarnera un dictateur impressionnant de réalisme et à la dérive dans La Chute.
Bilan des comptes: pas facile de jouer un tel personnage ! Et c'est le pari difficile que tente Urs Odermatt avec Mein Kampf, réalisé en 2010.
Pourtant, le cinéaste a le mérite de s'entourer d'acteurs de qualité.

A cet égard, on retrouve un acteur allemand connu dans son pays, un certain Götz George. Pour incarner le futur chancelier zélé et fanatique, c'est Tom Schilling qui prête ses traits à un jeune homme idéaliste, ambitieux et évidemment dangereux.
D'ailleurs, on risque probablement d'entendre à nouveau parler de cet acteur, Tom Schilling étant à la fois crédible et inquiètant dans la peau d'Adolf Hitler.

Le film apporte des précisions et des détails déroutants sur le personnage, qui a bien l'intention de faire parler de lui.
Dans un premier temps, Mein Kampf évoque les ambitions artistiques d'Hitler. Ce dernier présentera ses toiles à l'Académie des Beaux-Arts.
Mieux encore, un juif (Götz George) se prendra d'affection pour lui et tentera de l'aider à percer, mais Hitler ne connaîtra aucun succès ni aucune reconnaissance, se retrouvant réduit à dessiner des cartes postales pour subsister.

Mein Kampf donne un autre visage du futur dictateur: celui d'un jeune homme fainéant, traînant ses guêtres dans la rue, et prêt à dépouiller n'importe quel mendiant de passage.
Le portrait n'est pas vraiment élogieux, loin de là ! Rejeté par l'Académie des Beaux Arts, Adolf Hitler affiche déjà un égo démesuré, les artistes étant incapables de comprendre sa sensibilité et son pseudo talent.
Toutefois, c'est son ami juif qui lui donne l'idée de faire de la politique, Hitler ayant quelques qualités quand il s'agit de se plaindre et de jouer la comédie.

Qu'à cela ne tienne, ces quelques conseils ne vont pas tomber dans l'oreille d'un sourd dans une Allemagne décimée, encore touchée par la Première Guerre Mondiale.
Très vite, Hitler endoctrine quelques paysans de passage pour faire triompher son idéologie fasciste. Si l'Allemagne va si mal, c'est de la faute aux juifs.
Il faut donc éradiquer ce peuple hors d'Allemagne. Tel est l'objectif d'un jeune homme prêt à tout pour faire entendre sa voix.
D'ailleurs, il travaille sa diction, ses répliques et ses gestes. On retrouve donc ici les premières idées nauséabondes d'une future idéologie, en sachant que le film se termine sur quelques juifs chassés de leur village, et pénétrant dans un immense brouillard, symbole de la tragédie à venir, et du processus d'extermination de tout un peuple.

Note: 14.5/20