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Mutants : titre clair, net, sans équivoque, qui ne ment pas sur la marchandise. Titre à l’image du long-métrage tout entier : brutal, efficace, honnête. AvantLa Horde de Yannick Dahan et Benjamin Rocher, il y a eu ces Mutants-là, zombies affamés en zone post apocalyptique que David Morley filme de manière inspirée. Le plus ? On est en France ! La géniale Hélène de Fougerolles (toujours présente sur des projets atypiques) et le crédible Francis Renaud interprètent ce couple d’ambulanciers amoureux, coincé dans un hôpital désaffecté, l’homme étant infecté, la femme … incapable de mettre un terme à la vie de sa moitié. Du romantisme chez les zombies ? Oui ! Et le résultat est tout aussi glauque qu’enthousiasmant. Même si Morley a absolument tout pompé chez ses modèles, il n’en demeure pas moins très créatif lorsqu’il s’agit de filmer la poésie de l’horreur, épanchements de sang et mots d’amour qui se mêlent habilement, jouant d’un lyrisme noir, à la sauce gore, vraiment renversant.
Dans le décor crépusculaire et malade des montagnes de Chamonix, ses protagonistes sont l’occasion parfaite d’aborder les thèmes du genre : sacrifice, désespoir, barbarie humaine, et même, euthanasie. Plus fort sur la forme (quelle sublime photographie signé Nicolas Massart, qui réalise également celle de Derrière les murs ! quelle bande son ! quel travail effectué sur les monstres !) que sur le fond (le pitch tient en une ligne), Mutants est le premier film de zombies français à mériter le coup d’œil (voir plus). Il rappelle à lui seul la froideur d’un Cronenberg (on pense souvent à La Mouche avec la mutation progressive du héros en vilaine créature), la bestialité thématique de 28 semaines plus tard (l’amour à mort) et la sauvagerie de l’univers des comics de The Walking Dead. Morley a pris des risques, le résultat est hautement convaincant.