Les pays les plus pauvres et les plus touchés par les conflits sont justement ceux qui ne disposent pas de moyens chirurgicaux suffisants pour traiter les blessés, nous rappelle le dernier bulletin de l'OMS. Manque d'approvisionnement en eau, en oxygène, en électricité, en médicaments anesthésiques, la chirurgie reste «le parent pauvre de la santé mondiale».
Selon cette enquête récente de l'OMS, plus de 90% des décès par blessures surviennent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Or le tiers le plus pauvre de la population mondiale n'a droit qu'à 3,5% des opérations chirurgicales pratiquées dans le monde. Pourtant, les blessures tuent plus de cinq millions de personnes chaque année dans le monde, pour un tiers dans la tranche d'âge des 15–44 ans donc souvent principaux soutiens de famille dans leur foyer, soit près d'1 décès sur 10.
La chirurgie n'est pas soutenue financièrement: Aucune organisation mondiale de financement ne s'occupe des soins chirurgicaux et aucun des grands donateurs n'a la volonté de soutenir la chirurgie Pour certains, explique l'OMS, les soins chirurgicaux ne peuvent traiter qu'une part très limitée de la charge de morbidité mondiale et qu'ils relèvent d'une priorité secondaire. Or, la chirurgie peut avoir un rapport coût-efficacité en comparaison de certaines interventions non chirurgicales appliquées couramment dans le cadre des mesures de santé publique. Un investissement à long terme dans les système de santé locaux permettrait aux pays à revenu faible ou intermédiaire un développement durable de leur propres capacités chirurgicales.
La chirurgie, une intervention essentielle pour réduire la mortalité de la mère et de l'enfant. Dans un rapport récent, l'OMS estime à environ 260.000 le nombre des décès dus à des anomalies congénitales dans le monde et on compte 342.900 décès maternels évitables par des soins chirurgicaux simples, souvent peu coûteux et efficaces.
De nombreuses études ont tiré le signal d'alarme sur les déficiences en infrastructures chirurgicales dans les pays les plus démunis. Une étude de 2009 publiée dans les Archives of surgery conclut à des lacunes dans les infrastructures de base (eau,électricité, oxygène) et fonctionnement des appareils d'anesthésie dans la grande majorité des pays en développement. Seuls 48% des services de chirurgie dûment référencés dans ces pays sont capables d'entreprendre une appendicectomie et seuls 32% des interventions sur hernie congénitale, 44% des césariennes, et seules une minorité offre les protections nécessaires (lunettes et blouses) à leurs personnels de chirurgie pour se protéger contre le VIH. Une étude financée par l'OMS et publiée en 2008 dans le Lancet portant sur les données chirurgicales de 56 (29%) des 192 Etats Membres de l'OMS estime que sur 234,2 millions d'interventions chirurgicales majeures réalisées chaque année dans le monde, 3,5% (8,1 millions) de toutes les interventions chirurgicales seulement sont destinées aux 34,8% les plus pauvres de la population mondiale.
Cette inégalité de l'accès chirurgical pour les pays à faible revenu suggère une grande charge de morbidité dans le monde entier sans réponse. L'OMS devra établir un plan d'action pour coordonner les efforts de santé publique en chirurgie qui doivent être entrepris.
Source: Bulletin de l'Organisation mondiale de la Santé 2011;89:394-394. doi: 10.2471/BLT.11.088229 “Chirurgie et santé publique: idées fausses et réalité” (Visuel OMS)
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Autres sources:
Arch Surg. 2010;145(2):154-159 “Addressing the Millennium Development Goals From a Surgical Perspective Essential Surgery and Anesthesia in 8 Low- and Middle-Income Countries” et The Lancet, Volume 372, Issue 9633, Pages 139 - 144, 12 July 2008 “An estimation of the global volume of surgery: a modelling strategy based on available data”