"Un théâtre populaire au plus noble sens du terme. Bravo." Roméo et Juliette à l'Étoile du Nord

Publié le 17 juillet 2011 par Nathpass
Alors je n'ai vu personne dans la salle, de nos élèves que je connaissais ? alors que je suis sûre que vous n'êtes pas tous à la suite des politiques au Festival d'Avignon... Chers élèves, chers spectateurs chers amoureux aventuriers, à quel radeau êtes vous rattachés dans cette ambiance sociétale de perdition ? moi, au théâtre, depuis des années lumières-
j'aime j'aimerai que comme le flutiste qui à sa suite entraine tous les enfants vous faire venir voir ce Shakespeare parce que....
c'est 14 € ou 24 € le pass, pour plusieurs spectacles dont des monologues de Feydeau.... Condamnés à vie et Par amour des monologues mais ce spectacle là mis en scène par Laurent Brethome  avec la collaboration artistique de Stéphane Auvray-Nauroy, voilà c'est fini et vous avez loupé... il sera remplacé à 19h30 par mon corps est à moi
Oui j'ai eu besoin de me rafraichir (pas ce week-end) de me réchauffer, d'aimer... à la suite d'Avignon j'étais en manque, alors voilà une mise en scène de Julien Kosselek avec toute la pudeur et l'espérance lucide donc désespérée qui le caractérise, c'est bien bon beau pour être sans moyens, les lumières de Xavier Hollebecq font qu'on se croirait toujours dans le IN, sous ses imaginatives ombres noirs lumières...
Le Festival on n'arrête pas le théâtre ne m'a jamais déçu, j'y ai aimé plus que d'autres des morceaux que j'ai pu choisir. Mais cette très excellente et très pitoyable tragédie de R & J affleure surnage au dessus, ma mémoire se rénove vibre est vieille mais vivante, merci Monsieur William, via Kosselek
Shakespeare je suis excessive, intransigeante car pour moi il y faut tout sauf un jeu extérieur et étriqué dans une forme consentie passéiste, alors donc j'étais comme il se doit la tête dans les étoiles et les pieds dans la merde... dans la vie.
Je vous laisse avec un papier qui est d'une bonne focale... et ce n'est pas moi, seulement.....


Un Roméo et Juliette surprenant à l’Etoile du Nord
Informations Pratiques
A partir du 05 juillet 2011 jusqu'au 27 juillet 2011
Lieu: Etoile du Nord 18 rue Georgette Agutte 75018 Paris
Horaire:
20h45
Dans le cadre du festival "On n'arrête pas le théâtre", de la compagnie Estrarre
Peut-on encore être surpris par l’histoire des 2 amants de Vérone ? Adaptée à toute les sauces, décortiquée dans tous les sens, la pièce de Shakespeare aux scènes vues et revues peut-elle encore nous faire frémir, rire ou pleurer? La mise en scène de Julien Kosellek, en tous cas, relève hautement le défi, et nous plonge dans la tourmente des deux familles ennemies, qui sacrifient leurs enfants au terme d’un jeu qui tourne mal.
Sur le plateau de l’Etoile du Nord, un rideau noir est installé, qui révèle une pièce blanche aux allures de studio photo. Amis des décors pseudo-réalistes, passez votre chemin. Ici , ce sont les acteurs qui font le spectacle. Les voilà qui déboulent, bande de joyeux dingues que rien ne semble pouvoir arrêter. Puisqu’on leur interdit de se battre, ils vont mettre en place un piège pour deux des leurs.  Roméo est choisi, qui tombera amoureux de Juliette. La machine est en marche. Ces deux amoureux, au look d’idoles des sixties, vont pendant 2 heures se chercher, s’aimer, se battre, puis mourir. Pour notre plus grand plaisir.
C’est dans un univers étrange que se déroule cette farce. Un plateau vide ( ou presque), des vidéos, des micros, des perruques toutes plus improbables les unes que les autres, des chansons d’amour qui sonnent comme des guimauves, des néons…Fait de bric et de broc, le décor arrive cependant à transporter le spectateur, dans l’univers inquiétant de la rue et de sa violence, dans celui, kitsch à souhait, d’une chambre d’ado, sur la place du village…L’histoire d’amour est universelle, celle de la cruauté aussi. Roméo et Juliette, Sheila et Ringo, Hardy et Dutronc, Kate et Harry, des histoires créées pour nous divertir, exposées pour nous passionner.Qu’a -t-on fait de nos idoles ?  Le spectacle semble porter haut la question, et interroge le rapport à l’image, à l’oisiveté, notre fascination pour l’amour et la mort, ici si proches… Le tout sur une B.O. aux accents de boum d’adolescents qui en fera sourire plus d’un. C’est drôle, cruel à souhait, cynique, sans jamais perdre une magnifique sincérité. Puisqu’elle n’est plus au centre du spectacle, l’histoire d’amour prend ici, paradoxalement, toute la place. On a d’ailleurs rarement vue la fameuse scène du balcon, pourtant si connue et et aux répliques galvaudées, aussi magnifiquement vraie et touchante.
Les comédiens sont parfaits, ils réussissent à respecter le texte de Shakespeare tout en y apportant une formidable modernité. Fiona Emy est déroutante et inquiètante en Mercutio, Stéphane Auvray-Nauroy magnifique en Capulet aux allures de jet-setter sur le retour, masquant une violence terrible et un désespoir insondable, et Tristan Gonzales campe un Roméo rockabilly aux allures de pantin triste particulièrement touchant .Coup de coeur pour la prestation de Sophie Mourousi. Elle est parfaite en Juliette, passant de l’adolescente inerte à la femme amoureuse prête à tout. Elle apporte au rôle une belle ampleur, trop peu souvent vue, et une subtilité de jeu magnifique. La troupe entière joue un peu au funambule, oscillant entre humour, dérision et tragédie. Un jeu d’équilibriste qu’ils contrôlent parfaitement, et au service duquel ils mettent leur formidable énergie.
"Un théâtre populaire au plus noble sens du terme. Bravo."
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