Inspiré par cet album d'Arcade Fire qui selon moi, fait déjà légion et dont je ne me lasse pas encore, je vous propose à partir de maintenant, et ce une fois par mois, un très très TRÈS personnel musée sonore d'incontournables albums qui ont su charmer mes oreilles au travers des années et qui le font toujours malgré le passage des années.
Habitués de ce blogue, vous savez que je suis très très intéressé par la zizik, forme de voyage facilement accessible et à peu de frais.
J'ai baptisé mon musée des albums incontournables de quatre mots tirés d'albums dont je ne causerai pas, conscient d'en avoir déjà assez causé ici.
Ils sont tous les quatres mémorables pour moi en ce sens qu'ils ont tous changé ma vie à leur façon. Ces quatre disques m'habitent complètement. J'en connais chaque son et ils me transportent encore de manière inexplicable dans des endroits toujours nouveaux même si les sons restent les mêmes. Ils atterissent juste à des endroits différents selon la météo mentale et physique.
"Blonde" pour Blonde on Blonde de Bob Dylan
"Idiote" pour The Idiot d'Iggy Pop
"Bassesse" pour Low de David Bowie
"Inoubliable" pour The Unforgettable Fire de U2
Par ordre de parution.
J'aurais pu rajouter The Suburbs d'Arcade Fire mais je m'accorde le droit de recul. Peut-être que dans 10 ans le voyage me paraîtra banal.
(tiens je viens de vous faire un top 5 vite fait sans m'en rendre compte!)
Blonde et Idiote Bassesse Inoubliable, ç'est B.I.B.I., c'est-à-dire, moi.
C'est aussi la terminaison finale du mot "habibi" qui, en Irak, veut dire "mon amour".
Blonde et Idiote Bassesse Inoubliable, c'est également parce que ça pourrait évoquer une maitresse, une erreur commandée par une appendice précise du corps.
Ce que la musique est très souvent.
Quand elle reste inoubliable pour les bonnes raisons.
Comme cet album, premier à entrer dans le grimoire intime de mes plaisirs auditifs et qui j'espère vous feront découvrir quelques nouveaux horizons musicaux:
O de Damien Rice.
On dit souvent que la douleur force à créer. Elle crée très certainement une intensité que les artistes savent quelques fois bien rendre dans leur oeuvre.
Damien Rice, irish lad o'mine, a écrit son album en le dédicaçant à un ami, Mic Christopher, musicien de la rue comme lui. Christopher a été victime d'un accident de moto qui lui a laissé de graves séquelles à la tête, si bien que quelques années plus tard, alors qu'il allait débuter sa propre carrière solo, en se cognant bêtement la tête, il est tombé dans un coma dont il n'est jamais resorti. Christopher est mort à l'âge de 32 ans.
Rice, auteur-compositeur-multi-instrumentiste jouant toutes ses chansons tel un chansonnier surtout à la guitare acoustique, souhaitait au début enregistrer son album sans l'aide d'une grande compagnie de disque. Il craignait alors être contraint de devoir se soumettre aux exigences des majors et compromettre l'intimité de son art. Duh! c'est Sony, la plus restrictive, qui le signera quand même (lui laissant étonnament carte blanche pour ce premier album).
Son art est tout ce qu'il y a de plus intime. Dans les sujets traités, les vidéos, les spectacles, l'expression timide de sa personne. Il utilise peu ou pas beaucoup de batterie. Bien souvent on a l'impression qu'il n'y a que lui et sa guitare acoustique. Là aussi, l'idée d'un chalet et d'un petit feu entre amis n'est pas loin. Intimité toujours.
L'album ouvre comme sur une promesse: Delicate.
Chanson si tranquille et si agréable progressant en crescendo que la série Lost (pour l'épisode ...In Translation) et la série House M.D. l'ont toutes deux choisies pour fermer le générique d'un de leurs épisodes. La série britannique Misfits a aussi attendri son public de cette chanson dans le 5ème épisode de sa première saison.
La chanson suivante fait une place importante à une jeune femme tout ce qu'il y a de plus agréable à entendre, Lisa Hannigan. Elle relance Damien entre les coups de violons de Vyvienne Long et de Colm Mac Con Lomaire dans une déchirante chanson sur les amours mal avisées mais dans lesquels il est si facile de se faire piéger.
The Blower's Daughter est le bijou de cet album. Utilisée dans le film Closer de Mike Nichols, mettant encore en vedette Lisa Hannigan et les deux violonistes précemment nommés, il s'agit de sa chanson la plus "connue".
Cannonball est tout simplement brillante. La chanson semble s'adresser directement au coeur. Le terme "musique thérapeutique" aurait pu être créé avec cette chanson en tête. Et ce sensible compositeur.
"It's not hard to grow when you know that you just...dont know"
Older Chests emprunte la voie de la nostalgie alors que Damien questionne la manière dont nous changeons avec les années avec une certaine amertume.
Amie est tout à fait bouversante. Cette chanson traitant du bonheur de pouvoir laisser tomber sa garde, ce qui n'est pas donné à tous, lorsqu'en compagnie de quelqu'un avec le/laquel(le) il est tentant de faire les choses les plus impossibles. Et "Come sit on my wall and read me the Story of O"? The Story of O? are you kidding me? C'est aussi très très cochon...
Cheers Darlin'. Un être rencontre un autre être qu'il/elle désire. Cette personne choisit de partir avec un(e) autre. Le premier être noie sa peine dans un océan d'alcool. Classique. Chanson tout simplement parfaite qui ne manque jamais de me mettre l'oeil humide. Autour de 4m02 la chanson me promet toujours un grand frisson. L'apport subtil de Lisa Hannigan est aussi exceptionnel.
Cold Water cède un large bout de couplet à Lisa Hannigan dans une chanson extrèmement puissante. Voire encore assez bouleversante. La finale avec une chorale mâle aux accents africains est tout à fait magique. Difficile de ne pas être hanté par ce morceau.
I Remember commence avec Lisa Hannigan seule à la voix avec une très jolie guitare l'accompagnant pendant 2 minutes 22, puis Damien enchaîne avec une différente harmonie, très doux au début puis dans un crescendo tout à fait déchirant. Des espoirs et attentes célestes aux profondeurs du desespoir abyssal. Vers 4m32 on est surpris par l'intensité d'une chanson qui semblait promettre autre chose. Splendide. Frissons again.
Eskimo traite des muses de la création, ici déguisées en ami esquimau. La chanson dressera un sourire quand la chanteuse d'opéra irlandaise Doreen Curran, clotûrera en surprise le refrain de la chanson. Effet pompeux fort amusant d'un album qui aura en somme surtout bouleversé.
Deux chansons sont cachées, Prague est la suite (lyrique et non musicale) de Cheer's Darlin du point de vue de celui/celle qui a choisit entre deux êtres et qui doit faire face au conquérant déchu. Certains passages sont à faire frémir. Je crois avoir eu autant de frissons que de pores dans toute la peau de mon corps. Extrèmement intense. Le technicien du son a du capoter à l'enregistrement lors des distortions devenues volontaires.
Silent Night est une chanson de noël chantée a capella et avec beaucoup de talent par Lisa Hannigan. Chanson sur l'air traditionnel mais dont les paroles ont été changées et trahissent une douloureuse solitude. Nice change mais peut-être un peu trop amère pour un album qui nous as quand même fait baver déjà.
Cet album m'a visiblement plu en 2002, il me transporte encore 9 ans plus tard.
Délicat, Intense, Profond.
Irish lad o' mine.
J'espère vous avoir fait découvrir un plaisir.
Pour moi c'est un délice chaque fois.