L’ORAGE
Dans le ciel assombri l’oiseau brave l’orage,
Et dans les peupliers le vent hurle sa rage,
tandis que cheminent, à travers le hameau,
Les chèvres et moutons précédés à leur tête
D’Hector, le fier taureau ramenant le troupeau,
Dont les forts meuglements appellent la tempête.
Les fulgurants éclairs et le bruit du tonnerre
Se rapprochant encor font frissonner la terre.
Je dépends les draps blancs que je venais d’étendre
car s’affermit le vent à la voix de Cassandre,
Courbant le haut des ifs fortement ballottés
Qui fouettent les cieux tant ils sont agités.
Voici les ténèbres où va mourir le jour,
Et de ce ciel noirci s’abat sur le faubourg
Un grain diluvien s’en allant grossissant
Le cours d’eau transformé en ruisseau menaçant
qui charriera des rocs en empruntant la pente
Et parfumera l’air d’une senteur de menthe