Critique : Hash-Bar Loops de DeepChord

Par Juloobs

En rejoignant Soma, Rod Modell ne vient pas composer de la techno pour les pieds. Si ce nouveau transfert pourrait lui offrir un peu plus de visibilité, il reste fidèle à une odyssée sonore entamée avec Michael Mantra en 1998 sur Sonic Continuum. Il enfonce même encore le clou.

En une poignée d’albums de dub techno mutante, hypnotique et tonale, Mike Schommer et Rod Modell se sont affirmés comme les meilleurs représentants d’un genre désormais autant héritier de Basic Channel que de Tim Hecker. En effet, ce Hash-Bar Loops  semble totalement immergé dans un field recording maîtrisé à la perfection doublé d’un véritable don pour la spatialisation sonore, se délassant encore (à peine) sur les lambeaux de la techno du dernier millénaire, quasi inconsciente dans les nouveaux collages entêtants et liquides de DeepChord. Car leur musique est toujours aussi éthérée, céleste. Elle conserve de la dub techno la justesse maniaque de polissage des fréquences, la profondeur abyssale, le souffle comme une présence, la compression numérique comme un terrain de jeu mais on est ici au plus proche de l’ambiant (façon Rod Modell pour notre plus grand plaisir).

Hash-Bar Loops sonne abouti comme jamais, immatériel mais si immersif, invraisemblable. Au casque, cette virée ténébreuse se révèle d’un impact hallucinant. À chaque nouvelle galette, à chaque titre (peut-on encore parler de titre ?) DeepChord se révèle comme un trip
nécessaire.

Difficile de coller une étiquette sur ce Hash-Bar Loops tant il s’aventure dans des contrées musicales trop peu explorées.
Il ravira à n’en pas douter ceux qui ne se sont pas remis du Incense & Black Light de Rod Modell ou du Liumin de DeepChord. Après plusieurs écoutes, il se révèle tout aussi indispensable.

Sortie : Juin 2011

Label : Soma

Genre : Dub techno