Pour soutenir Eva Joly, pour des commémorations républicaines nouvelles

La République, est-ce l'armée française ? Il y a, le peuple, les citoyens. Emanation, partielle, de celui-ci, de ceux-ci, il y a des institutions, des élus, des fonctionnaires, et des soldats, "professionnels". Professionnels - il pourrait en être autrement. Jean Jaurès l'a écrit, mais combien "à gauche" le savent ? C'est le genre de livres que M. Valls ne connaît pas. C'est pendant la troisième République qui échouera à empêcher la première guerre mondiale contre les pangermanistes belliqueux de Guillaume II que le 14 juillet est devenu une journée de défilés militaires. La France se mettait à imiter l'Allemagne Prussienne dont les principaux "chefs" n'aimaient rien de plus que défiler et faire défiler. 130 ans plus tard, Madame Eva Joly commence sa campagne présidentielle par une idée et une proposition éminemment républicaines : faire du 14 juillet une journée où les citoyens pourraient exprimer leur attachement à la République, et donc permettre que cette journée hélas militarisée devienne enfin civique. Il y a en effet d'autres dates, commémorations, qui permettent à l'armée de manifester sa présence et de défiler (8 mai, 11 novembre). Une coalition d'extrémistes de droite, de fanatiques des armes, de manipulateurs des symboles et des sentiments patriotiques, s'est formée pour attaquer Madame Eva Joly, pour en faire une non-Française qui n'aimerait pas son pays. Descendant d'une famille française dont l'histoire s'étale sur plusieurs siècles, je tiens à remercier vivement Madame Eva Joly d'avoir ENFIN osé exprimer et le sentiment de beaucoup, et le projet de quelques-uns, à savoir qu'une journée aussi fondamentale, la fête nationale, soit enfin une journée sociale et républicaine dans laquelle le défilé militaire n'a pas sa place. Pourquoi ? Parce que l'Armée avec ses trois corps N EST PAS LE PEUPLE, mais est au service du peuple - enfin, "normalement". Parce que nous vivons dans un monde de plus en plus pacifique, et ce même s'il reste des conflits militaires et des guerres (décennie après décennie, leur nombre se réduit). Parce que le 14 Juillet n'a pas vocation à ce que les rues et les avenues de Paris servent à faire la publicité des armes de plus en plus massives et destructrices, et contre lesquelles tant de fantassins ne peuvent ou ne pourraient rien. Parce que l'Histoire de l'armée française n'est pas si simple et limpide qu'il soit acceptable d'entendre dire et considérer qu'elle est là pour défendre les citoyens et le peuple quand il est arrivé qu'elle soit utilisée pour trahir (la campagne de 1940), pour faire tirer sur les citoyens qui construisaient leur liberté (la Commune de Paris), pour menacer un pouvoir républicain afin d'obtenir la désignation de dirigeants qui leur soient favorables (la crise algérienne de 1958). Parce que des lycées militaires ou "de la défense" enseignaient il y a peu (et maintenant ?) des horreurs sur et contre la République. Parce que trop de militaires méprisent les citoyens et les élus au motif qu'ils ne sont pas des gens d'armes comme eux et qu'ils ne défendent pas la discipline en toute chose. L'armée doit être à sa place, seulement, et ne pas être montrée aux citoyens et aux jeunes comme un modèle humain. C'est pourquoi j'invite celles et ceux qui partagent ces sentiments et ces analyses, ou une part, à soutenir concrètement Madame Eva Joly - en commentant cette note, en se rendant sur le compte Facebook de celles et ceux qui la soutiennent, en appelant les médias et notamment télévisés qui prétendent qu'elle serait confronté à un "tollé" et à une "union nationale" des élus - alors que tant de citoyens l'approuvent. Et alors que certains d'entre nous ont commémoré les 140 ans de la Commune de Paris, rappelons que les Communards dont les projets et les idées ont tant contribué aux fondements de notre République sont totalement ignorés et méprisés, alors que les descendants des Versaillais (le Front Nationale et la Droite "Populaire" de l'UMP) ont bénéficié d'une propagande médiatique sans commune mesure cette année. la République et les Communes doivent rendre hommage à celles et ceux qui ont voulu et construit la République et pas seulement à ceux qui ont fait le choix du métier des armes, à ceux qui n'ont pas eu le choix de ne pas aller à la guerre, et qui y sont morts, malgré Jaurès.