Elle croise et décroise les jambes. Une fois, deux fois , trois fois … Ca suffit, on a compris et le clin d’œil appuyé à « Basic Instinct » éclipse le personnage que Sharon Stone est sensé interpréter . Celui d’un procureur international devant lequel le pire des criminels de guerre avouerait le meurtre d’une mouche.
Elle est irrésistible, pas forcément crédible, mais de l’un comme de l’autre, Largo se contrefiche. Le voici accusé par la belle d’être responsable de quelques massacres en Thaïlande. Pour les retardés de la bulle ou de la première partie, pas de panique, Jérôme Salle à l’intelligence de résumer en cinq-six minutes le passé de notre héros.
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C’est bien fait, ça nous met dans l’ambiance d’un bon film d’aventures, quand patatras l’histoire reprend ses droits et nous emmène à la frontière de la Birmanie, là où le réalisateur a décidé de jouer à la puissance mille, les scènes d’action du premier volume.
Ca saute dans tous les coins, les flammes font dix mètres de hauteur, et les explosions se succèdent à une vitesse supersonique. L’action, omniprésente, est musclée, sans âme, et à force de répétition, sans intérêt.
Du déjà vu qui annihile complètement le volet sensible de l’affaire , le cœur du sujet, celui de l’homme incarné par Tomer Sisley, toujours aussi convaincant dans la peau du jeune milliardaire.
Et quand le cœur se met à parler on baigne alors dans un angélisme béat, stupéfiant. Je pense notamment aux scènes avec Mulaï, la compagne thaïlandaise de Largo que Mamee Napakpapha Nakprasitte , interprète bien. Et c’est rageant de voir tous ces bons comédiens englués dans une réalisation qui en toute circonstance a mis le paquet. Car dans l’ensemble le casting est assez convaincant, pour nous permettre d’aller jusqu’au bout du récit. Il y a notamment des seconds rôles assez forts, dont celui de Nicolas Vaude , Gautier, l’homme chargé par Largo des missions impossibles. Il excelle. Il y a aussi le très inattendu Laurent Terzieff, qui le dit dans les bonus, « ce n’est pas vraiment mon univers ». Ni le mien !
Le supplément
Un making of, très long, qui de la Thaïlande à la Belgique passe quasiment en revue toutes les scènes les plus spectaculaires du film. Et c’est avec d’énormes moyens qu’elles ont pu être réalisées, constatation sur un plateau où l’ambiance paraît très décontractée.
Quand on voit le travail énorme qu’exige une cascade pyrotechnique, on peut se demander si le jeu en vaut la chandelle. Des mois de préparation pour trois secondes d’artifice, autant de jours passés à calculer la façon dont une jeep peut retomber sur le toit d’une maison …et parfois c’est le « fiasco absolu » comme le reconnaît Uli Nefzer , l’un des responsables, face à l’échec d’une scène dans un camp militaire .
Impressionnantes aussi les répétions , puis le tournage du massacre de Kaï, avec en parallèle , le travail des cascadeurs.Emouvante , l’arrivée des figurants dans le village Munaï. « Ce sont tous de véritables Karens » prévient un décorateur ravi devant l’accueil fait par les autochtones « ils ont dit que ce serait un village parfait pour eux, et qu’ils aimeraient bien ensuite y habiter ». Mais on ne saura jamais la suite…
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Parmi les nombreuses interviews, je note celle de Laurent Terzieff qui dit avoir beaucoup apprécié le travail de Jérôme Salle. « Chaque chose qu’il demande, ouvre une voie à l’acteur, vers un imaginaire qu’il n’envisageait peut-être pas. Ce sont des possibles à atteindre ». Et comme on ne se refait pas, il imagine Othello pour jouer son personnage « qui retrouve goût à la vie dans la vengeance. C’est la jalousie qui s’installe chez lui ». Le comédien était alors bien diminué et il s’éteindra le 2 juillet 2010, quelques jours seulement après la fin du tournage.