Divorcé d’un premier mariage, le jeune romancier Eddie Morra (Bradley Cooper) connaît aujourd’hui un second revers amoureux : sa compagne du moment, Lindy (Abbie Cornish), a décidé de le plaquer. Menacer d’être également abandonné par son éditrice du fait de ne pas pouvoir terminer son premier livre, Ed’ est au bord du gouffre… Quand il rencontre Vernon (Johnny Whitworth), son ex-beau-frère. Ce dernier lui propose la pilule miracle : un nouveau produit, soi-disant breveté et prochainement commercialisé, qui est censé décupler les facultés intellectuelles… Mister Morra a-t-il finalement des raisons de ne pas essayer cette drogue ?
Un Burger peut en cacher un autre !
Si l’on pouvait reprocher, en 2007, au cinéaste Neil Burger d’utiliser, pour le néanmoins très bon "Illusionniste", une mise en scène (volontairement !?) classique ; son "Limitless" - tout nouveau, tout beau - propose une approche stylistique tout à fait palpitante qui cadre merveilleusement bien à l’évolution scénaristique de ce long-métrage tiré du roman d’Alan Glynn intitulé "The Dark Fields" ("Champs de ténèbres" en V.F.). A coup d’artifices visuellement speedés qui nous plonge au cœur d’une trame assez malicieuse et certainement énergisante, Bruger et la scénariste Leslie Dixon ("Mme. Doubtfire", "Et si c’était vrai…") offre à l’acteur Bradley Cooper une vitrine expérimentale de premier choix où le co-héros des "Very Bad Trip", "L’Agence tous risques" et autre "All About Steve" a l’occasion de s’adonner à plusieurs registres.
Un Bradley aux multiples facettes…
Remplaçant de Shia LaBeouf qui était, à l’origine, pressenti pour ce rôle (cliquez ici pour accéder à l’article), le beau Bradley jongle joliment avec sa réputation de Sex Symbol hollywoodien en jouant tantôt les Golden Boys "sur-méningés", tantôt les romanciers désabusés, en panne d’inspiration, quand ce ne sont pas les blafards Junkies en manque. La performance mérite d’autant plus le détour que notre comédien porte quasiment à lui seul ce thriller sur-vitaminé. A ce titre les apparitions d’Abbie Cornish ("Sucker Punch", "Elizabeth : l’âge d’or", "Une Grande année") et surtout de Robert DeNiro restent comptées bien que Neil Burger conserve dans ses manches quelques jolies surprises… Ces dernières (Cf. la scène de la patinoire) ont la bonne idée de redynamiser les échanges quand ceux-ci viennent (ça peut arriver !) à devenir moins incisifs !
Tomas Arana… Au service du Mal
Une Anna Friel - jouant plutôt un Cameo - et le patibulaire Tomas Arana complètent la distribution. On se souviendra de la rafraîchissante et sucrée Anna dans la non moins envoûtante série TV "Pushing Daisies", avant que notre amie ne sombre dans le nanar "Le Monde (presque) perdu". Pour sa part, Tomas Arana ("Pearl Harbor", "Gladiator") n’a sans doute pas été dépaysé par le rôle qu’il devait tenir dans ce "Limitless" vu le nombre important d’apparitions dans lesquelles il a été convié à camper le terrible trouble-fête de service… On se souviendra notamment de films comme "A la poursuite d’Octobre Rouge" (1990) et "Bodyguard" (1992). En effet, Neil Burger utilise continuellement la carrure d’Arana comme un rappel à l’ordre, ou une forme d’épée de Damoclès, réfrénant les inspirations toxicomaniaques ou euphorisantes du personnage central, Eddie Morra.
Thriller et humour peuvent-ils faire bon ménage ?
Profitant de l’imbrication au récit de plusieurs personnages secondaires - aux motivations parfois bien tranchées -, le metteur en scène Neil Burger tisse une ambiance qui avoisine parfois celle des bons polars incisifs et tendus dans lesquels peuvent surgir, à chaque coin de rue, un adversaire potentiel pour notre héros, de surcroît, cruellement déconnecté de la réalité ! Une autre évolution dans le style Neil Burger est l’utilisation croissante de l’humour. Certainement pas un humour grandiloquent mais plutôt quelques petites touches d’ironie savamment distillées. "Limitless" vient ainsi parfois à proposer une petite satyre rayonnante de notre société de SUR-consommation.
"Limitless", finalement un Patchwork indigeste ?
On peut se poser la question. Alors qu’un premier "chapitre" de cette adaptation se met au service du thème de l’angoisse de la page blanche et de la vie miteuse d’un romancier de rue, ce long-métrage vire rapidement (trop rapidement !?) à l’ascension - "fulgurante" serait un adjectif trop en dessous de la réalité à l’écran ! - d’un as de la finance qui se voit, au final, offrir une place dorée au dernier étage des plus hauts Gratte-ciels américains… Tout ça avant de se lancer en politique et de rêver de la Maison Blanche !? Honnêtement, écrite noir sur blanc, cette trame paraît aussi indigeste qu’insensée ; cependant, ce serait mal connaître les talents d’un réalisateur à respecter et, inévitablement, le récit à la première personne emprunté par "Limitless" permet de caser honorablement cet imbroglio… en apparence.
Une voie toute tracée ? Pas certain !
Autre point fort de cette production ? Ces effets de surprise notamment au niveau de sa courbe scénaristique : "Limitless" s’écarte en effet, à mi-parcours, de la trajectoire classique de ce genre de films. Partant de rien, Eddie Morra va ensuite évoluer et monter en puissance grâce à l’absorption massive d’une pilule miracle… Bien entendu, jusqu’ici rien de bien original : le rêve va finir par se transformer en cauchemar ; un cauchemar dans lequel Neil Bruger profite de l’aubaine pour brouiller les pistes et inviter à la fête de nouveaux personnages animés de nouveaux instincts. Ceux-ci vont alors déclencher une série de péripéties parfois hallucinantes (car inattendues).
A ce moment, "Limitless", tout en fracassant de nombreuses portes, laisse présager de nouvelles interrogations… Certaines resteront toutefois sans réponse au terme du spectacle. Est-ce finalement un bien ou un mal ? Chacun se fera son avis ! On peut poser cette question de manière différente : pour ou contre un film aux allures commerciales qui laisse, lorsque les lumières se rallument dans la salle, le spectateur avec quelques questions existentielles ? Là où la trame tissée par l’œil inspiré de Neil Burger - et tirée pour rappel d’un livre d’Alan Glynn - est assez innovante c’est dans la direction que son personnage principal choisi d’emprunter...
On aurait pu imaginer que le personnage interprété par Bradley Cooper décide d’arrêter tant qu’il est encore temps sa surconsommation de drogue… Cependant, à la suite d’une avalanche de péripéties suggérées ci-dessus, la rédemption de notre héros va prendre un peu de plomb dans l’aile. Eddie Morra se voit ainsi forcé de continuer son traitement de choc vers l’irréparable ? Je vous laisse avec cette dernière question. Pour en découdre la réponse, rendez-vous au cinéma. Avec un réalisateur très inspiré & une grande interprétation de Bradley Cooper, la pilule sera fatalement plus facile à digérer… Si, en plus, vous avez déjà été conquis par le physique ou les prouesses de cet acteur… Le rendez-vous est pris !
La bande-annonce…
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