Magazine Société
Les inscriptions aux primaires socialistes sont closes. Nous connaissons, en principe, les candidats. Nous les connaissions d’ailleurs depuis longtemps, au moins pour cinq d’entre eux et ces inscriptions sont donc sans aucune surprise. Le seul réel événement est la mise hors jeu de DSK. À l’issue d’une campagne interne qui débute donc, en théorie, aujourd’hui, nous connaîtrons le candidat officiel du Parti Socialiste à la Présidence de la République. Que peut-on attendre de cette future campagne ? Le Parti Socialiste a choisi d’élaborer un programme préliminaire qui est sensé s’imposer à tous les candidats. Sur quoi va donc porter la campagne ? Quelles seront les différences programmatiques des candidats ? Bien sûr, chacun va tenter de construire sa différence, mais il est à craindre que les écarts ne soient minces, car aucun n’osera se démarquer clairement du sacro-saint programme du Parti. De plus, si des différences existent malgré tout, chacun va s’efforcer de les taire afin de ne pas donner à la majorité le temps de fourbir ses contre-attaques pour la véritable campagne électorale de 2012. Sur quoi allons-nous donc choisir le candidat socialiste ? Nous avons à choisir le candidat à la Présidentielle, c’est-à-dire celui ou celle qui peut, dans un avenir proche, endosser la responsabilité suprême. On souhaiterait donc pouvoir choisir sur de grandes idées, de grands choix. Il est à craindre que le principe de ces primaires n’empêche un tel choix. Si ce n’est sur les idées, il ne reste alors que les personnalités. Et porter la bataille sur les personnes c’est ouvrir la porte aux rumeurs et aux calomnies qui commencent d’ailleurs à poindre. Donner le champ libre aux rumeurs, c’est aussi le donner à la désinformation. La contre-attaque de Martine Aubry sur le début de rumeurs qui coure sur son compte n’en est-elle pas ? Les Français adorant la théorie du complot, il ne faut pas s’étonner que les rumeurs se propagent aussi vite. Les primaires socialistes risquent soit de s’enliser dans la banalité et l’ennui, soit dans la vulgarité. Et comme l’esprit moutonnier caractérise la classe politique française, la contagion est à craindre et le risque est grand que la campagne présidentielle proprement dite ne sombre dans les petites phrases et les attaques personnelles, laissant aux oubliettes les défis extraordinairement dangereux auxquels la France est confrontée.