Je ne sais pas si vous vous souvenez du harcèlement dont j'avais été victime à Hoi An (cf post 69) l’année dernière... Eh bien ici, c'est la même chose... puissance 10, et d'ailleurs, il y a pas mal de Vietnamiennes parmi les tanneuses de touristes.
Sauf que là ce n'est pas sur le marché, mais sur la plage bordée de petits restos qui proposent des BBQ de fruits de mer pour 3 dollars et des transats qu'on peut squatter gratuitement à condition de consommer. Le premier jour, à peine installée, je me suis fait assaillir par une petite dame armée de son panier à tout faire. J'ai craqué pour une pédicure, me disant qu'ainsi, on me ficherait la paix par la suite... au moins sur ce point. Des ongles verts bien faits sont la parade à tous les « pedicure, lady ? ».
Mais elles ont d'autres armes dans leur panier, les bougresses....
Manicure, lady? Massage ? Do your hairlegs (sic) ? Elles ne se fatiguent jamais (d'un autre côté on les comprend... c'est leur moyen de survie).
Tu as beau leur monter tes gambettes fraîchement rasées, elles vont te trouver LE poil que tu as zappé, ou te dire que ca repousse déjà et qu'avec leur super technique elles peuvent attraper même les bébés poils (c'est en effet le gros avantage de l’épilation au fil par rapport à la cire, où tu dois attendre d'avoir atteint le stage yéti avant de passer à l'action). Et même pas la peine d'essayer d'expliquer que tu n'aimes pas cette technique car les poils repoussent sous la peau.
Elles te soulèvent les bras pour montrer au grand public la soi-disant forêt vierge qui recouvre tes aisselles, poussent des cris d'horreur en regardant de près tes sourcils (un peu négligés ces derniers temps il est vrai)...
J'ai quand même réussi à en bluffer une en lui demandant de me faire la moustache (seule partie du corps, avec le maillot, qu'elles ne te proposent pas de désherber), pendant qu'un pauvre Suisse se faisait torturer à côté de moi : « try for free ! » l'arrachage des poils du torse (eh non, la gent masculine n'est pas épargnée).
Et ça, ce n'est que la partie « soins corporels ». Passons maintenant aux biens de consommation.
Je n'ai pas mis longtemps à saisir la stratégie commerciale des vendeuses de bracelets (le plus souvent des jeunes adolescentes voire des petites filles).
Elles commencent par s’enquérir de ton nom, puis passent au « Do you have a boyfriend ? »
A partir de là, c'est l'histoire dont vous êtes le héros (ou plutôt le pigeon).
Si tu réponds yes : « buy a bracelet for your boyfriend ! »
Tu répliques que ton boyfriend n'aime pas les bracelets « buy a bracelet for you with the name of your boyfriend » (brodé dessus)
Si tu réponds no, on va te demander « You know why ? ».
La réponse attendue est « no », et la réplique toute faite: « because you don't buy my bracelets ».
C'est amusant la première fois, mais au bout de 10, tu commences à te lasser légèrement...
Et si tu essaies de changer le scénario (par exemple : tu soutiens que tu connais la raison pour laquelle tu n'as pas de boyfriend) le visage de ces pauvres petites commence à se décomposer car leurs connaissances en anglais se limitent à ce petit sketch qu'elles ont appris par cœur.
A la fin, tu dois leur promettre d'acheter chez elles if you change your mind, et leur serrer le petit doigt.
A la 2e place après les bracelets : les lunettes de soleil. Vendeurs majoritairement masculins, souvent très jeunes aussi. Là aussi, pour avoir la paix (pensais-je), j'ai investi dans 2 paires de Ray Ban, « made in Italy », et « no plastic, real glass !» (de Murano, pendant qu'on y est?). Ayant l’évidence de mon acquisition sur le nez (« I already have ! »), je pensais naïvement qu'on me laisserait tranquille... c'etait sans compter sur le « Buy for your friends ! ».
Pan (balle dans la tête).
Côté bouffe, on ne risquait pas de mourir de faim, avec les vendeurs de calamars grillés,
de mini-homards, de fruits, etc., qui passaient avec leur fond de commerce sur la tête (je dis chapeau), dans les mains ou en équilibre sur les épaules.
Inutile de préciser que j'ai goûté tout ça et me suis régalée.
Pour voir quand même un peu autre chose, nous avons fait une petite échappée de quelques jours sur la Bamboo Island, la plus accessibles des îles sur le littoral de Sihanoukville, autant au niveau de la distance que du prix.
On voulait le calme... bah on l'a eu !! En tout et pour tout sur l’île : un complexe de bungalows et un bar-resto (il y en a un 2e mais en cette saison il est complètement vide), heureusement bien achalandé.
Pas un seul « pedicure lady ? » sur la plage... Ça nous aurait presque manqué, dites-donc ! J'ai pu finir mon bouquin, du coup.
On habitait dans un rustique bungalow bleu :
Voilà ce que je voyais le matin au réveil par la fenêtre :
J'ai quand même été contente de retrouver la civilisation à Sihanoukville 2 jours après. J'ai fêté ça avec un massage des pieds par des petits poissons (une fois de plus ils se sont rués sur mes ampoules, les filous), dont voici la pub
…qui vaut bien une carte de resto laotienne (cf post ...)