Une des meilleures expositions des Rencontres d'Arles étant celle consacrée à Douglas Gordon et Miquel Barcelo, exposition satellite de celle dédiée à Cy Twombly et la photographie, à la Collection Lambert en Avignon, il aurait été inconvenant de ne pas aller voir l'expo mère (jusqu'au 2 octobre); ce fut quelques jours après la mort de l'artiste. Très beau catalogue en deux volumes. L'exposition commence par une trentaine de photographes choisis par Twombly, puis, une fois le regard ainsi mis en éveil, elle se poursuit au rez-de-chaussée par plusieurs salles de photographies de Twombly lui-même, jamais ou rarement montrées jusqu'ici.
On en vient enfin aux photographies de Cy Twombly, aux couleurs passées, aux teints délavés, d'une intensité sourde; quand le rouge d'une fleur éclate trop vivement, on se recule, choqué. C'est un travail commencé il y a 60 ans et peu ou pas vu jusqu'ici. Il m'a semblé que Twombly n'était pas un très bon portraitiste
(et d'ailleurs c'est un genre qu'il abandonne après Cage et Rauschenberg) et qu'il n'était pas non plus un grand paysagiste (ses vues de plage sont affligeantes de banalité). Quand il s'essaie à des compositions compliquées (et qu'il leur donne des titres amphigouriques, comme cette photo d'une de ses sculptures, Le rêve mathématique d'Assurbanipal), on peut craindre le pire. Par contre ses photographies quasi abstraites d'objets tout simples sont époustouflantes. En 1951, à 23 ans au Black Mountain College, il prend quelques photos de vases et bocaux sur une étagère et c'est une nature morte digne de Morandi (Still life, ci-contre) Il y a deux ans, il photographie ses pinceaux à Gaeta et là encore, on est devant une composition si forte, si simple, qu'on ne peut que retenir son souffle (Brushes). Et ces simples citrons grumeleux ont une matière, une présence tout à fait picturales, ce qui ne devrait guère être étonnant, somme toute (Lemons).Photos courtoisie du service de presse.