Malgré une mise à prix suggérée de 200 millions de dollars (141,4 millions d’euros), le tableau de Léonard de Vinci récemment authentifié, qui dépeint le Christ portant un globe de cristal d’une main et faisant un signe de bénédiction de l’autre, serait aujourd’hui hors-marché. Comme cela a été annoncé en juin, Salvator Mundi sera présenté à la National Gallery à partir du 9 novembre, au sein de l’exposition « Leonardo da Vinci : Painter of the Court of Milan ». Selon des règles strictes, le musée ne montre jamais d’œuvre en vente sur le marché. L’annonce du retrait du tableau du circuit marchand semble être la conséquence de l’exposition à venir.
Robert Simon, marchand d’art new yorkais et porte-parole du consortium possédant l ‘œuvre (et probablement un de ses co-propriétaires) a déclaré à Bloomberg : « Il y a eu des discussions au sujet de l’acquisition éventuelle du tableau par un musée, mais il n’y a eu aucune offre depuis plusieurs mois. (…) J’ai assuré la National Gallery que le tableau n’était plus sur le marché, et qu’il n’y avait aucun projet de mise en vente après l’exposition ». Cette déclaration implique bien que La National Gallery pourra présenter l’œuvre en maintenant sa politique rigoureuse lui interdisant l’exposition d’œuvre en vente. Le musée a expliqué à Bloomberg : « Toute œuvre mise en vente est retirée des expositions, et retournée à son propriétaire, suivant une procédure standard de retour d’emprunt ».
Robert Simon a refusé de révéler le prix du tableau au moment où il était encore sur le marché. Mais selon plusieurs enquêtes, citant des sources anonymes du monde de l’art, les acheteurs potentiels ont évoqué 200 millions de dollars (141,4 millions d’euros), et les propriétaires ont déjà rejeté une proposition à 100 millions de dollars (70,7 millions d’euros). Si la somme de 200 millions était atteinte, Salvator Mundi deviendrait l’œuvre d’art la plus chère jamais achetée, devant le N° 5, 1948 de Jakcson Pollock, vendu 140 millions de dollars (98,9 millions d’euros) en 2006 (à David Geffen, selon le New York Times, une information du jamais confirmée), et devant Adele Bloch-bauer I de Gustav Klimt, vendu 135 millions de dollars (95,4 millions d’euros) à Ronald S. Lauder, en 2006 également.
Salvator Mundi (« Le sauveur du Monde ») est la première attribution De Vinci depuis 1909. C’est aussi l’une des 15 huiles encore existantes du peintre. L’œuvre a appartenu au Roi Charles 1er, et a été vendue aux enchères en 1958 par un descendant du collectionneur britannique Frederic Cook. Elle avait alors coûté 45 livres, ce qui paraît une misère, même si l’on considérait qu’elle avait été exécutée par un élève de Léonard, Giovanni Antonio Boltraffio. Selon Simon, l’œuvre est restée jusqu’à la fin du XXème siècle dans la collection d’une famille américaine, avant d’être vendue à la mort d’un de ses membres.
L’exposition de la National Gallery donnera l’occasion de voir le tableau dans sa toute dernière mise en beauté, qui a été à l’origine de l’attribution à De Vinci. De 1763 à 1900, l’histoire de l’œuvre est inconnue. Son attribution semble avoir été oubliée pendant cette période. Un jour, elle a été réparée et recouverte, et l’enduit utilisé a obscurci ses couleurs vives. Aujourd’hui, il reste une fissure dans le bois. Simon a déclaré que « de la peinture s’est détachée de certaines parties » et que l’œuvre « présente des traces d’abrasion un peu partout, ce qui est typique des pièces de cette époque ». Il a ajouté que « la restauration récente du tableau a tenté de minimiser l’impact visuel de ces accidents, avec très peu de restauration effectuée sur les parties endommagées ».
Parmi la longue liste des spécialistes ayant authentifié le tableau, on compte des commissaires et des historiens de l’art provenant du Metropolitan Museum of Art, de la National Gallery, de l’Université d’Oxford, de l’Université de Leicester, et du Politecnico de Milan. Martin Kemp, d’Oxford, a déclaré au Telegraph : « Une fois que vous êtes entrés dans la pièce (où se trouve le tableau), il y a cette étrange présence de Léonard ». Mais il reste des sceptiques. L’expert allemand Frank Zöllner pense que la peinture est l’œuvre d’un élève talentueux de Léonard. Il a déclaré au Frankfurter Rundschau que la main du Christ en bénédiction est peinte avec un « rendu d’une extraordinaire précision. » Selon lui, la lumière est aussi très évocatrice, « mais l’on peut se demander si ce nez si long correspond tout à fait au perfectionnisme de Léonard ».
L’automne prochain, ce nez, et toutes ces autres caractéristiques, pourront être commentés à loisir par les experts et les non-experts. Un porte-parole du musée a annoncé au Telegraph que l’exposition serait « clairement le moment de tester cette importante attribution, en mettant l’œuvre en comparaison directe avec des de Vinci universellement reconnus ». Le nouveau Léonard apparaîtra en effet aux côtés de la Vierge aux Rochers, elle-même attribuée au maître après un sérieux dépoussiérage, l’an dernier.
L’étrange De Vinci à 200 millions de dollars retiré du marché – OrSériE – Créé à l’initiative de Clarins, OrSériE est une plate-forme participative qui offre aux internautes et blogueurs, un lieu d’échanges et d’informations sur les thèmes du Beau, du Bien-être et du Luxe..