L’école va mal, cela fait des années qu’on le dit, mais pour corriger cela on va enlever les heures du samedi matin sans concertation et surtout sans revoir les programmes en lien avec ce nouveau planning. On va continuer à faire évoluer les enseignants sans lien avec leur compétence, juste avec le temps. On va rogner sur la formation continue. Comme les maires et les parents commencent à crier un peu fort on va cesser les coupes drastiques dans les effectifs mais sans vraie stratégie. On a revu la formation des enseignants en profitant au passage de « stagiaires » que l’on va mettre devant les élèves seuls sans qu’ils n’aient fini leur formation… mais l’important ce serait les rythmes…
Alors pour les rythmes qui sont essentiels pour l’apprentissage et pour les enfants on va demander à des vrais spécialistes, pas des parents, pas des enseignants de primaire, ce serait trop simple… non on va demander à des chronobiologistes dont les travaux datent de 10 ans au moins, on va ajouter le responsable de la SNCF, du Comité National Olympique, le Président des monuments nationaux… Tout cela n’est vraiment pas raisonnable.
Que nous propose ce comité de pilotage dans son rapport ?
- l’école de 8h30 à 17h pour tous (écoliers et collégiens)
- 1 à 2 heures d’accompagnement éducatif par jour pour tous (2h jusqu’en 5 e et 1h ensuite)
- 38 semaines d’école séquencées en 5 périodes (6 semaines de vacances l’été)
- 3 zones pour toutes les vacances sauf Noël
D’entrée la maternelle a été écartée car non obligatoire et car des enfants n’y sont qu’en demi-journée (faudrait venir un peu plus souvent dans les maternelles pour voir si les enfants de moyenne et grande section ne sont là que le matin…). Donc là où les enfants sont calés le plus sur le rythme biologique car encore petits, on n’en tient pas compte… Ca commence donc bien pour nos « spécialistes ».
Les spécialistes veulent une journée « moins lourde, mais pas nécessairement moins longue ». Et oui, le comité de pilotage a compris que faire finir à 15h des enfants dont les parents travaillent n’est pas forcément une bonne idée (ouf, depuis le temps qu’on entendait parler de cette sortie à 15h des enfants je suis rassuré !). Donc le mode de vie des parents est pris en compte dans la chronobiologie de l’enfant, jolie périphrase que j’évoque juste pour dire combien cette notion chronobiologique est là pour se donner bonne conscience. C’est au nom de la chronobiologie de l’enfant que l’on ne cesse de condamner la semaine de 4 jours, mais c’est au nom du mode de vie des parents, des impératifs de la SNCF et des offices de tourisme que l’on détermine les heures et les calendriers. Selon moi, la chronobiologie s’apparente juste à du bon sens qu’il est simple d’intégrer dans l’enseignement au quotidien. On sait que la matin il faut se réveiller et qu’après manger on a une petite baisse de forme, alors il suffit d’en tenir compte dans les cours et adapter les matières en fonction. Avec en plus, l’avantage en primaire, de ne pas avoir à compter sur plusieurs enseignants par matière mais un seul qui est supposé tout savoir faire…
Le comité de pilotage revient également avec une préconisation de « généralisation » de l’accompagnement éducatif. C’est une vraie belle idée, à ceci près que là où l’accompagnement éducatif existe il fond comme neige au soleil au fil des années faute de budget. Car l’accompagnement éducatif (l’école après l’école) coûte cher, très cher et demande une vraie organisation. Derrière cet accompagnement, il y a une vraie tendance qu’il faut bien cadrer ou même encadrer… laisser faire aux autres ce que les enseignants, ne savent, ne veulent, ou ne souhaitent pas faire, où même qu’on ne souhaite pas qu’ils fassent :langues, sport, culture, arts…
Une des propositions est que les enfants « rentrent chez eux tout travail fait »… Cela peut paraitre séduisant mais c’est la porte ouverte à la démission des parents. On sait que partout où il y a échec scolaire c’est quand les parents ne sont pas présents et ne suivent pas la scolarité et on voudrait qu’une fois sortis de l’école les enfants n’aient plus à y repenser avant le lendemain. Encore une fois une belle façon de niveler par le bas, comme pour les devoirs. On a interdit les devoirs au motif que c’était discriminant car certains allaient pouvoir les faire dans de meilleures conditions que d’autres… C’est quoi cette société que l’on veut nous imposer ou pour éviter que les meilleurs fassent mieux on cale tout le monde sur la pire des situations, c’est à dire celle où les parents sont absents et inutiles. La co-éducation est une réalité, c’est dangereux de vouloir la tuer, même en la vendant aux parents comme étant une bonne idée car plus de travail une fois rentré. Il faut au contraire insister sur l’importance des parents et sur leur rôle et les aider eux s’ils n’y arrivent pas !
La fin de la semaine de 4 jours… J’adore voir cette obsession remise sur le tapis. Pour justifier le choix d’allonger d’une demi-journée la semaine des enfants on sort l’argument imparable « En revanche, l’utilité d’une semaine scolaire se déroulant du lundi au vendredi n’est pas à démontrer. » tiré d’un rapport de la députée Michèle Tabarot. C’est vrai que ce qui n’est plus à démontrer est donc facilement démontré… Pourtant les études sont toutes formelles… les enfants à la semaine de 4 jours ont toujours eu des meilleurs résultats que ceux à la semaine de 5 jours, je comprends pourquoi on ne cherche plus à « démontrer » les choses quand on sait qu’on ne peut tout simplement pas le faire. Une chose extraordinaire à lire est aussi « la densité de la journée d’école a été augmentée par la suppression d’une demi-journée de classe dans la semaine ». Donc les enfants sont plus fatigués car ils ont une demi-journée d’école en moins… Et personne ne parle des programmes !!! C’est la non adaptation des programmes aux horaires qui créé le problème et non le fait d’avoir enlevé des heures ! Car une demi-journée en plus c’est une journée où l’enfant doit se lever tôt en plus, c’est aussi une vraie complexité à organiser pour les communes si c’est un mercredi qui est choisi car il faut ensuite organiser les centres de loisir (adapter les transports, trouver du personnel pour seulement une demi-journée, gérer la restauration, etc.). Et pour finir, comme on sait que les conseils d’école qui regroupent pourtant parents, enseignants et mairie, ne voteront pas cet allongement de la semaine, on veut que cela leur soit imposé par l’Etat ou les départements… C’est bien connu que les parents et les enseignants ne sont pas les plus à-même de prendre en compte la réussite et le quotidien des élèves…
En revanche, le choix de conserver les zones et ne pas respecter les rythmes des enfants prônés par les chronobiologistes pour les vacances est justifié par « la sécurité routière » et « notre vie sociale et économique ». Il y a donc deux poids deux mesures…
Partout on nous compare aux pays d’Europe en terme de semaines et d’horaires d’enseignement, en oubliant de comparer les formations des enseignants, les programmes, la gestion des écoles, bref tout ce qui fait la base de l’enseignement.
Tant que l’on se contentera d’éviter soigneusement les sujets qui fâchent on n’arrivera à rien. Il est urgent de mettre autour de la table TOUS les acteurs de l’école et mettre à plat tout le système sans tabou. L’école c’est la réussite de demain de nos enfants mais aussi de notre pays, c’est donc fondamental et doit être la priorité numéro 1.