Robert Laffont
392 pages
Résumé:
Féroce et comique tout à la fois, Une poignée de cendres est assurément l'un des plus grands classiques de l'humour anglais. Une lady saisie par la débauche, son nobliau de mari perdu dans la jungle amazonienne et condamné à lire à voix haute les oeuvres de Dickens pour ne pas mourir de faim! Jamais sans doute l'impertinence, voire la méchanceté, de l'auteur du Cher disparu et de Retour à Brideshead ne se sont exercées avec autant de virulence à l'égard de l'aristocratie de son pays. Et la critique vaudrait aussi bien aujourd'hui envers telle ou telle figure de nos sociétés contemporaines. Pour nombre des fidèles du "clan" des admirateurs de Waugh, ce roman iconoclaste reste son plus grand chef-d'oeuvre.
Mon commentaire:
Une poignée de cendres est un roman vraiment particulier. L'auteur nous présente une satire de la société bourgeoise anglaise et il ne ménage pas ses personnages. L'humour est dans les dialogues et les petits détails, mais il est grinçant à souhait. L'histoire est celle de la famille Last: Tony, Brenda et le petit John Adams. Ils vivent à Hetton, un château en ruines que Tony tente de faire restaurer. Tony adore Hetton, Brenda le déteste. Leur mariage bat de l'aile depuis que Brenda sort seule, à Londres. Elle y prend amant et appartement, ment à son mari, fait de "l'économie politique" pendant que celui-ci passe son temps entre Hetton et son club.
L'humour de Waugh est noir, caustique. On n'éclate pas de rire à toutes les pages, mais si on est sensible à ce type d'humour, on sourit beaucoup. Les scènes qu'il nous décrit sont férocement amusante. Elles vont d'un invité qui s'incruste au château et abuse de l'hospitalité jusqu'à la mise en scène étrange que manigance Tony pour obtenir le divorce. Même le terrible drame qui se joue lors d'une partie de chasse à courre a quelque chose de risible, tellement tous les personnages semblent déconnectés de la réalité. Alors que le corps refroidit d'un des personnages est exposé dans l'une des pièces, d'autres protagonistes jouent aux cartes en poussant des cris d'animaux dans la bibliothèque adjacente...
Evelyn Waugh nous présente la vie bourgeoise dans ce qu'elle a de plus absurde, des préoccupations complètement futiles aux échanges entre les personnages qui sonnent totalement vides. Les personnages sont tellement préoccupés par leur statut dans la société et ce qu'on dira d'eux dans les journaux mondains qu'ils se déresponsabilisent totalement. Pour notre plus grand plaisir, évidemment. Au fil du roman, un drame survient, qui fera éclater le mariage de Brenda et Tony, déjà fragile. Les situations qui suivent la demande de divorce sont grotesques et assez drôles. Puis arrive la dernière partie du roman qui compte deux fins différentes.
Il faut savoir que ce texte a d'abord été une nouvelle, du moins dans sa dernière partie. Puis, suite à une demande pour en faire un feuilleton, l'auteur en a écrit un roman et imaginé une fin différente. Il est très agréable de lire les deux versions qui, ma foi, sont excellentes chacune à leur façon. Si j'adore l'idée d'un Tony coincé dans la jungle et condamné à lire inlassablement Dickens à voix haute, l'idée d'un rapprochement entre les deux époux qui se tiraillaient me plaît aussi... façon Waugh bien sûr!
Une poignée de cendres était ma première incursion dans l'oeuvre de Waugh que je souhaitais lire depuis longtemps. J'ai passé un très bon moment avec cette lecture et je relirai l'auteur. Il s'agit d'une très belle découverte. Si vous êtes sensible à l'humour anglais et au sarcasme, c'est un auteur que vous devez absolument découvrir. Ne serait-ce que pour lire l'épisode de Tony dans la jungle, condamné à lire Dickens, épisode à l'origine de tout le roman.