Pour son troisième film, Mia Hansen-Love nous raconte un amour de jeunesse. Soulignant par son titre la trivialité de son sujet, la jeune réalisatrice se joue de cette évidence pour apporter à ce premier amour une émotion et une mélancolie qui n’appartiennent qu’à elle.
Synopsis : Camille a 15 ans, Sullivan 19. Ils s’aiment d’un amour passionnel, mais à la fin de l’été, Sullivan s’en va. Quelques mois plus tard, il cesse d’écrire à Camille…
Le regard de Mia Hansen-Love est toujours juste, toujours sobre, toujours mélancolique. En trois films, la jeune réalisatrice parle avec une sensibilité très personnelle des êtres aimés qu’on perd et qu’on retrouve, parfois. Elle met en évidence la trace indélébile que laissent sur nos vies les relations qui comptent.Un amour filial ou bien un grand amour ne s’efface jamais. On ne peut que continuer à vivre avec l’absence de celui qu’on aime, toujours là cette absence, envahissante, d’autant plus cruciale dans notre vie qu’on croit l’avoir oubliée. Un amour de jeunesse suit la vie de Camille, depuis son premier grand amour d’adolescente jusqu’à sa vie de jeune adulte. Lola Creton est lumineuse et fera partie à coup sûr des révélations de 2011. Elle porte avec un charme et une douceur juvéniles l’évolution de son personnage, qui perd sa pureté et son innocence à l’épreuve d’une vie qui ne veut décidément pas être ce qu’on rêvait qu’elle soit.
Après le cinéma dans Le Père de mes enfants, Mia Hansen-Love s’intéresse à une autre forme artistique dans Un amour de jeunesse : l’architecture. Comme si les lieux faisaient écho à la situation intérieure de Camille : désertés, ils gardent indéfiniment l’emprunte de ceux qui les ont construit, de ceux qui les ont habité, de ceux qui les ont aimé. Chaque construction doit prendre en compte la tension qui existe entre l’art et le réel : un espace de vie doit être beau et fonctionnel. Ce qu’on ne saisit jamais vraiment, c’est que l’amour aussi. La passion doit être viable pour faire le bonheur. Quelque soit la force d’un amour, il ne peut sortir vainqueur d’aspirations contraires, de volontés opposées.
On traverse les lieux, on traverse les gens, sans jamais les quitter vraiment. Et puis il y a la lueur. Ce morceau de fébrilité qui s’échappe de l’obscurité. Une lumière, un sentiment, un souvenir : toujours une lueur arrachée aux ténèbres, à la souffrance, à l’oubli. Un amour de jeunesse est tout empli de cette lueur vacillante, qui parfois éclate dans des moments superbes, qui parfois semble se perdre dans des digressions un peu longues.
Le film avance sur un rythme inégal, parfois puissamment dramatique, parfois un rien ennuyeux. On admire toujours chez la jeune réalisatrice la justesse de la mise en scène, l’éclat de l’image et le choix d’une bande sonore magnifique. Et ce merveilleux sens de l’ellipse qui montre que le temps n’efface rien, il enfouit. Et qu’un amour de jeunesse, c’est la chose la plus sérieuse et la plus importante au monde. Un amour de jeunesse, c’est toujours un grand amour.
Note : 7/10
Un amour de jeunesse
Un film de Mia Hansen-Løve avec Lola Creton, Sebastian Urzendowsky et Magne Havard Brekke
Romance – France – 1h50 – Sorti le 6 juillet 2011