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Le temps des reprises

Par Borokoff

A propos de Deep End (1971) de Jerzy Skolimowski 4 out of 5 stars

John Moulder-Brown - Deep End de Jerzy Skolimowski - Borokoff / Blog de critique cinéma

John Moulder-Brown

A Londres, Mike, 15 ans, est tout heureux de trouver un premier emploi dans un établissement de bains aux allures de piscine désaffectée et bariolée. Sa collègue Susan, de dix ans son aînée, arrondit ses fins de mois en vendant ses charmes à une clientèle masculine. Mike tombe peu à peu amoureux de Susan qui refuse ses avances.

Deep End a quarante ans mais n’a pas pris une ride. Comment qualifier le sixième long métrage du Polonais Jerzy Skolimowski ? Un conte initiatique moderne ? Un apprentissage amoureux douloureux et tragique ?

Un peu de tout cela. Deep End dépeint avec humour les émois amoureux d’un adolescent timide (John Moulder-Brown) et beau garçon qui s’entiche d’une jeune femme fiancée qui voit venir cet amour naissant mais refuse d’y céder. Si Susan n’est pas insensible aux charmes du jeune homme, elle prend néanmoins Mike pour ce qu’il est : un enfant.

John Moulder-Brown - Deep End de Jerzy Skolimowski - Borokoff / Blog de critique cinéma

John Moulder-Brown, Jane Asher

Devant l’indifférence feinte de Susan (Jane Asher), Mike devient de plus en plus lourd et insistant. Ces affres amoureux, ce sentiment nouveau qui bouleverse et inonde Mike, Jerzy Skolimowski les capte avec une infinie acuité et finesse psychologiques. Mike ne connaît rien en matière de sexe et son inexpérience prend peu à peu le dessus sur sa folle agitation. Le scénario du film épouse le flux de conscience de Mike, pris par des émotions contradictoires.

La construction déliée du scénario coïncide avec ce mélange d’excitation et d’introversion , de pudeur qui caractérise les sautes d’humeur du jeune homme. La plupart des dialogues ont été improvisés entre les deux acteurs principaux. On pense dans le montage heurté du film à Blow Up d’Antonioni. Après tout, Mike ne rêve comme les adolescents de son âge que d’amour, de sexe et de liberté (n’oublions pas le contexte de l’époque). Mais l’agitation permanente qu’il connaît fera bientôt place à la souffrance et au dépit amoureux.

Dans Deep End, la tension érotique entre Susan et Mike est constante, faisant penser aux films d’Antonioni. L’attirance pour la chair, l’attraction physique entre Mike et Susan sont palpables et réciproques mais contrariées par le refus de Susan de coucher avec Mike. Et la charge érotique, de plus en plus intense, pèse comme une chape de plomb sur la tête d’un Mike qui menace d’exploser.

La tension dramatique est à son comble dans la dernière scène. La chute, à la fois onirique et poétique, confère au film des allures de chef-d’œuvre littéralement sauvé des eaux…

www.youtube.com/watch?v=A8K_KTepxFg

Film anglais, ouest-allemand de Jerzy Skolimowskiavec John Moulder-Brown, Jane Asher, Karl Michael Vogler (01 h30)

Scénario : 4 out of 5 stars

Mise en scène : 4 out of 5 stars

Acteurs : 4 out of 5 stars

Dialogues : 4 out of 5 stars

Compositions de Cat Stevens et Can 4 out of 5 stars


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