Daniel caux, à lire et à entendre

Publié le 15 juillet 2011 par Desartsonnants

LE SILENCE,

LES COULEURS DU PRISME

ET LA MÉCANIQUE DU TEMPS QUI PASSE
DANIEL CAUX

En ce début de vacances, il est de bon ton de parler d'un ouvrage que l'on estime incontournable, et que l'on aurait envie de faire partager.
Certes le livre dont je vais vous parler ici n'est pas un best-seller tout frais sorti des presses, puisqu'il a été publié e,n 2009, aux Éditins de l'Éclat à Paris. Il s'agit de Le Silence, les couleurs du prisme et la mécanique du temps qui passe de Daniel Caux.
Maix comme il y a quelques temps déjà que j'ai envie de vous en faire la promotion, pour ceux qui ne le connaîtrait pas encore, il n'est jamais trop tard pour bien faire !
Avant d'ête le journaliste, essayiste, musicologue et programmateur que l'on connaît, Daniel Caux fit des études d'arts plasiques à Paris, et se consacra quelques années à la  peinture, pour finalement explorer les méandres du jazz contemporain des années 70, alors en pleine ébulition. On sait maintenant qu'il ne limita pas son champ d'investigation au jazz mais parcouru une grande nébuleuse de musiques toutes plus étonnantes les unes que les autres.
Daniel Caux ne se contenta pas d'être un érudit passionné pour tout ce qui touche un large panorama de ce que nous appelons aujourd'hui les musiques expérimentales, ou les arts sonores, il fut surtout un grand passeur et un partageur hors pair, encore peu connu et reconnu aujourd'hui pour son incroyable travail médiatique.
Il a côtoyé les plus grands aventuriers du sonore, john Cage, les répétitifs et minimalistes américains, Les musiciens des"Musiques du Monde", du free-jazz le plus débridé, sans parler des inclassables luthiers chercheurs de sons comme Harry Partch.
De sa plus belle plume, et l'esprit ouvert sur beaucoup de musiques et d'expériences sonores véritablement novatrices, il écrira de nombreux articles aussi bien dans des revues musicales que des revues d'art contemporain plutôt orientées "arts plastiques" ayant d'emblée compris nombre de liens avec ce que l'on nomme aujourd'hui les Arts sonores. Sa première expériences "Beaux-arts" et l'approche des mouvements underground américains y son sans doute pour beaucoup.
Non content de donner à lire, il invita le fleuron de l'avant-garde musicale dans des concerts mémorables, diffusés en salle et sur les ondes de France Culture, dont il fut d'ailleurs le directeur des programmes musicaux durant quelques années. Il réalisa d'ailleurs nombre d'émissions, sur France Culture et France Musique, autour des musiques postmodernes, du Jazz, des musiques du Monde...
Il participa très activement, dans les années 70, à la direction artistique du label français Shandar, créé par Chantal Darcy, en enregistrant les grands noms des courants minimalistes américains, du free jazz, des musiques électroniques et d'autres ensembles atypiques, comme il aimait beaucoup les inclassables "moutons à cinq pattes".
Il organisa enfin, sur des scènes très différentes, des concerts à l'image de sa culture, de  ce genre de culture embrassant une certaine universalité artistique, en cessant de mettre la Vieille Europe et les États-Unis au centre du Monde. Il dénicha ainsi des talents les plus divers, des mondes sonores dont certains demanderaint encore à ête explorés, car ils ont encore à nous apprendre, et certainement à nous surprendre.
Les mélomanes français, en tous cas ceux qui eurent l'oreille curieuse et un certain esprit d'ouverture, eurent l'incroyable chance de découvrir, au travers l'insatiable boulimie de cet écoutant planétaire, tout un univers sonore en pleine ébulition, alors masqué par la prédominance artistique des post dodécaphonistes, sérialistes, spectralistes... Ce(s) monde(s) sonore(s) tant français qu'étranger, hors de nos circuits "classiques" et que nos institutions de pratique, de recherche, de diffusion et d'enseignement musical commencent tout juste à accepter et à (re)connaître.
Au fil de ses voyages, de ses rencontres, de ses écrits et enregistrements, Daniel Caux amassa une colossale matière d'objets sonores, de critiques, d'essais, qu'il commença à trier et à mettre en forme en vue de l'écriture de l'ouvrage dont je vous parle, qui fut publié en 2008, à titre posthume un an après la mort de Daniel Caux.
Ce beau livre est donc un recueil d'articles et de réflexions publiés (ou non) dans diverses revues, qui montre de façon très claire non seulement la richesse des rencontres et événements organisés, que ce voyageur journaliste musicologue a féféré, mais aussi sa passion de faire vivre et partager ses expériences sonores et musicales dans un espace-temps ouvrant notre écoute aux plus folles aventures.
Le Livre est accompagné d'un CD des plus intéressants et fort à propos "Daniel Caux de A à Z", une émission hommage réalisée par Philippe Langlois pour l'Atelier de Création Radiophonique le 5 octobre 2008, quelques mois après la mort de Daniel Caux.
Il est vrai que le 12 juillet 2008, le monde musical et artistique en général, perdait un homme qui a commencé de construire à sa façon, érudite, généreuse, engagée, une histoire universelle des sons, au travers nombre d'artistes créant hors sentiers battus, fabriquant des pâtes et des univers sonores inouïs, de ceux qui changeront irrémédiablement notre façon d'écouter les sons, la Musique et... le Monde.
Notons que Jaqueline Caux, vidéaste et elle-même grande spécialiste des musiques des musiques électroniques nées à Détroit continue de promouvoir, mais aussi poursuit très activement le travail engagé par Daniel Caux, feu son époux. Le monde des musiques et des arts sonores, et surtout leurs auditeurs potentiels a encore besoin d'activistes pour nous surprendre l'écoute, et au-delà comprendre les mécanismes sociaux qui génèrent, parfois dans la douleur, la violence et la souffrance, ces courant d'airs frais tout autant que sonores.


Le Silence, les couleurs du prisme et la mécanique du temps qui passe :: Daniel Caux :: Editions de l'Eclat - Collection Philosophie imaginaire :: 978-2841621972 :: 2009