Quatrième du Tour de France en 1987 et 1991, ancien numéro un mondial, Charly Mottet est resté un observateur passionné du Tour de France et un commentateur avisé de la course et de ses subtilités. Voici son analyse après une semaine de course.
Etes-vous surpris par ce début de Tour de France avec ces nombreuses chutes ?
Pas vraiment. Les conditions météorologiques n’étaient pas favorables, avec beaucoup de vent de côté et de la pluie. Et on connaît les routes bretonnes, toujours sinueuses. La nouveauté, c’est que les gros, comme Contador, Boonen ou aujourd’hui Wiggins, se retrouvent pris dans les chutes. Du coup, cela attire plus l’attention que par le passé. Après, il y a des coureurs comme Levi Leipheimer qui n’ont jamais trop su courir dans ces conditions et dont les chutes sont moins surprenantes.
Est-ce que cette première semaine a livré des enseignements ?
La première leçon, c’est que Cadel Evans est en grande forme. Il a parfaitement préparé son affaire. Il arrive au pied des premières difficultés sans avoir connu le moindre problème et son équipe est forte. En outre, il est en forme ascendante et ne devrait pas lâcher prise en troisième semaine.
Quid d’Alberto Contador ?
Lui en revanche, je le vois plutôt en forme descendante et son équipe est sa grosse faille. C’est vrai que c’est un grand champion et qu’il a une marge de sécurité. Mais elle risque de s’amenuiser sensiblement en troisième semaine. À un moment ou à un autre, même si c’est un coureur exceptionnel, la fatigue du Giro va se faire sentir, c’est inévitable. Après, il peut être favorisé par le fait que beaucoup de coureurs qui auraient pu animer la course, comme Wiggins, Brajkovic, Horner ou Leipheimer ne sont plus là ou sont trop éloignés pour favoriser une course de mouvement. On risque de voir un duel à trois entre gros leaders qui vont tenter de se neutraliser.
L’étape de demain à Super-Besse ?
Elle peut jouer un rôle important parce qu’Alberto Contador doit reprendre du temps le plus vite possible. Cela dit, je ne le vois pas décramponner Cadel Evans et, s’il le fait, il ne lui prendra pas plus de 20 secondes. En tout cas, Contador devra frapper d’entrée, dès Super-Besse, et dès les premières étapes des Pyrénées.
Vous ne parlez pas d’Andy Schleck…
Suite de l'interview de Charly Mottet