Pardonnez ma grossièreté mais putain ! Presque dix ans que j’attendais le retour du duo de détectives Kenzie-Gennaro, précisément depuis que j’ai refermé Un dernier verre avant la guerre (top 3 des meilleurs polars I have ever read, et le plus réussi – selon moi – des aventures de ce duo de détectives privés qui opère dans les noirceurs du Boston d’aujourd’hui…). Certes, dans l’intervalle, je me suis délectée de Shutter Island ou Mystic River, absolument incroyables, mais auxquels manquait le sel de cette équipe de choc. C’est donc avec une impatience incontrôlable que j’ai attaqué Moonlight Mile. Comme quoi, il faut toujours se contrôler… Autant dire que la déception est sévère.
Alors oui, le tandem Kenzie-Gennaro est toujours là mais, embourgeoisé et désabusé après avoir enfanté, il est devenu lisse, prévisible et moralisateur. Déception numéro 1.
Si j’étais prête à pardonner à l’auteur la ferveur vieillissante de Pat et Angie, c’est parce que j’étais certaine de trouver dans leurs nouvelles aventures le génie de l’intrigue et le talent de conteur qui caractérisent Dennis Lehane. Mais, là aussi, si l’on retrouve bien le « style Lehane », il ne sert ici qu’une histoire inaboutie de disparition et peu crédible de mafia russe, dont l’épilogue confine au grotesque, de surcroît mâtiné de précipitation. Déception numéro 2.
L’addition de ces deux déceptions donne un livre que j’aurais préféré ne pas lire, afin que Dennis Lehane reste à mes yeux l’un des plus grands auteurs de polars de ces vingt dernières années. Avec le recul, peut-être que le fait que Moonlight Mile soit la suite de Gone baby gone, qui est loin d’être le meilleur opus des enquêtes de Patrick Kenzie et Angela Gennaro, aurait dû m’alerter…