Depuis le 27 juin et après de longs mois d’attente, est disponible sur la toile, le court métrage de Spike Jonze, co-écrit par Will (clavier/basse/percussions) et Win (chanteur/composteur) Butler du collectif canadien Arcade Fire, sorte d’extension du clip « The Suburbs » déjà réalisé par Jonze.
La vidéo dure trente minutes; en tout logique, elle a pour bande-son le dernier album du groupe et sera présente sur la version deluxe de ce dernier, prévue pour sortir en aout.
Bilan d’une rencontre entre l’excentrique réalisateur et le groupe le plus auréolé de 2010 ?
D’abord l’histoire. Une bande d’ados à mèche tout droit sortis d’un film de Gus Van Sant, perchés sur des vélos, déambulent dans une sorte de « gated community », banlieue chic aux allures de Wisteria Lane (la banlieue des Desperate Housewives, pour ceux qui n’auraient jamais visionné la merveille). Avec un élément perturbateur : la dite banlieue, sorte de non-lieu hors de tout cadre spatio-temporel, est surveillée par des hélicoptères et des soldats armés pas très avenants ; là on bascule dans de la science-fiction qui rappelle Spielberg.
Le tout est narré, des années plus tard, par Kyle, un des jeunes de la bande, qui tente tant bien que mal de se souvenir de ces épisodes de jeunesse.
Au début le ton est léger : on se promène en vélo, on rigole, on tombe amoureux. Les garçons sont gentils, ils travaillent dans un fast food pour gagner de l’argent, ils baby-sittent leur petit frère bref on est dans la version aseptisée de Skins. A mesure que le film avance, les autorités se font de plus en plus présentes, l’atmosphère s’alourdit, et les digressions se multiplient. La guerre, le passage à l’âge adulte, la désintégration des rapports amicaux sont autant de thèmes abordés.
On finit le moyen métrage sur un sentiment d’inachevé. Effet recherché apparemment puisque Butler a déclaré en entrevue au Los Angeles Times, à l’occasion de la première du film à Berlin, en février dernier :
« Quand on était enfants, on regardait beaucoup de films cheezy des années 1980 qu’on était trop jeunes pour saisir, et finissait toujours par regarder la première moitié, avant que les parents viennent nous sauver. Et [Scenes From the Suburbs] est en quelque sorte inspiré par cette idée de ne voir que la première moitié des films et ne pas savoir comment les résoudre. »
Le résultat final est un film simple, imparfait, mais d’une mélancolie gracieuse et énigmatique.
Trailer :
Retrouvez l’intégralité de la vidéo ici: http://mubi.com/films/scenes-from-the-suburbs