Mais mercredi 13 juillet, on apprenait la triste nouvelle. Cinq soldats français et un civil afghan étaient tués dans un attentat suicide en Kapisa. Jeudi, nouvelle épreuve, un autre soldat français était tué dans la même région. Notre Monarque venait pourtant d'annoncer le retrait des forces françaises d'ici 2014. Rapidement mercredi, un officier avait expliqué qu'il était « possible sinon probable » que les auteurs de l'attentat ne soient pas Afghans. Il faut maintenir, coûte que coûte, le story-telling officiel d'un combat pour la liberté.
« Pourquoi sommes nous là-bas ? » s'étonnait enfin le commentateur Jean-Claude Narcy, sur TF1, vers 9h50 jeudi matin ? « Nous sommes là bas pour remplir une mission (...). Il s'agit d'aider le peuple afghan à vivre libre », répondit un amiral. Personne ne fera donc le bilan, désastreux, de l'intervention française en Afghanistan depuis 2007.
Par souci d'affichage et de communication, Sarkozy annonça, en marge de sa visite, qu'il convoquait un conseil de sécurité dès midi ce 14 juillet : « Je réunirai à midi aujourd'hui un conseil de sécurité avec le Premier ministre, le ministre de la Défense, le chef d'état-major des armées pour que nous organisions les nouvelles conditions de sécurité de travail de nos soldats dans la période de transition qui s'ouvre entre aujourd'hui et le départ des forces françaises d'Afghanistan. Il y a donc un nouveau contexte et, face à ce nouveau contexte, il faut de nouvelles mesures de sécurité ».
Ces 6 morts français en 24 heures sont une sale nouvelle.
Autre grave déception, la Libye. Dans son rêve, Nicolas Sarkozy espérait voir défiler sur les Champs Elysées les troupes d'une Libye libérée. Il avait même promis, sans donner de date, qu'il se rendrait à Benghazi. Mais, quatre mois presque jour pour jour après le déclenchement des opérations libyennes, la situation sur place était toujours bel et bien enlisée. La réalité tribale, la résistance du clan Kadhafi, les hésitations occidentales ont figé le terrain. Des contacts directs ont bien eu lieu, ces derniers jours, avec des représentants du dictateur libyen. Béchir Salah Béchir, chef de cabinet de Kadhafi, est ainsi venu rencontrer son ami Claude Guéant, Alain Juppé et même Nicolas Sarkozy.
Mais, selon le Monde, ce dernier entretien s'est très mal passé, Sarkozy réclamant, intransigeant, le départ pur et simple du dictateur. En bas des Champs Elysées, à l'issue de sa revue des troupes, Sarkozy eut la poignée de mains rapide pour Gérard Longuet, son ministre de la Défense. Ce dernier s'était fait sévèrement rabroué quelques jours auparavant. Il avait confié, publiquement : « Kadhafi peut rester, dans une autre pièce de son palais, avec un autre titre.»
Par défaut, le Monarque avait décidé d'honorer l'Outre-Mer, et « les forces déployées dans nos départements et collectivités d'outre-mer ainsi que l'apport de ces territoires aux traditions militaires françaises ». L'actualité ajouta un triste hommage aux forces engagées dans les opérations extérieures (Côte d'Ivoire, libye, Afghanistan).
Dans sa traditionnelle livraison de médailles du 14 juillet, la liste des honorés d'une Légion d'honneur ne lassait pas de surprendre. On sent l'élection proche. Il y a bien toujours quelques patrons proches, mais aussi nombre de personnalités de la culture. Attention ! Le nouveau Sarkozy est c-u-l-t-i-v-é !
Fallait-il être fier de ce 14 juillet ?
Ce jour-là, Nicolas Sarkozy eut quelques mots, en direct des Champs Elysées, debout sur l'asphalte à l'issue du défilé. Jean-Claude Narcy (TF1), habitué des mariages princiers et Marie Drucker (France 2), ancienne compagne du ministre Baroin, étaient là pour poser quelques questions. Narcy fut le plus hargneux : pourquoi n'est-on pas parti plus tôt ? Ou encore : en Libye, c'est pas l'impasse ?. Sarkozy conserva son calme. Quand Marie Drucker demanda ce qu'il pensait de la Syrie...
Sarkozy : « En Syrie, l'attitude de M. Bachar El -Assad est inadmissible (...).»Le Monarque expliqua ensuite qu'aucun dictateur n'était à l'abri du tribunal pénal international. En France, le gouvernement Sarkozy fait tout, vraiment tout, pour que les poursuites contre quelques autocrates africains n'aillent pas jusqu'au bout.
Drucker : « Vous le regrettez ?»
Sarkozy : « Non...»
En juillet 2008, un autre 14 de célébration nationale, le même Sarkozy avait invité tout ce que la Méditerranée comptait de dictateurs sanglants. Deux ont depuis été renversés. Un autre est toujours là.