Bon, cette fois, c’est sûr : on ne nous y reprendra plus. Exit les films de Michael Bay, ses débordements machistes, ses fracassants fantasmes de bœuf (3D ou pas), ses scénarios prétextes et ses agaçants bruits de machine. Car divertissement sait rimer, parfois, avec autre chose qu’abrutissement (voir Thor ou X-Men pour s’en convaincre). Bay, lui, dont l’entertainment suinte par tous les pores l’Amérique capitaliste moderne, ne fait jamais du cinéma. Il joue, comme un ado puéril, déballe l’artillerie lourde, et les dollars. Transformers 3, c’est du film de geek pur et dur, débilitant, désespérant- qui n’évolue jamais, bloqué au stade boutonneux de l’âge ingrat : soit un mec lambda (Shia LeBeouf dont les mauvais choix de carrière s’accumulent) qui se tape une barbie sous collagène et s’en va faire la guéguerre dans des bagnoles de luxe. Trop fort.
Bay sait y faire pour 1) transformer ses actrices en femmes-objets (il troque d’ailleurs ici sa rebelle Megan Fox, contre Rosie Huntington-Whiteley, égérie d’une marque de lingerie), 2) étaler sa seule idée sur 2H30 décousues (les astronautes d'Apollo 11 qui découvrent un vaisseau extraterrestre sur la Lune), et 3) annihiler toute lueur, toute étincelle de profondeur. Pourtant, naïfs, on ne demandait qu’à être surpris : avec une seule petite fraction de seconde qui prouverait que, oui, Bay assure parce qu’il assume, Bay a lui aussi une face cachée : l’outrance surréaliste comme surenchère provoc’. Mais non. Artistiquement, on se situe bien en-dessous du degré zéro, dans un enfer nouveau nommé mainstream, sonné au cœur d’un royaume phallocratique, triste et à vomir. Et, c’est bien au premier degré qu’il faut supporter sa vision primitive d’un monde bête, qui brille ; son discours binaire, et braillard. Avec un peu de chance, derrière les vacarmes conjugués des vrombissements métalliques et des craquements de pop corn, certains n’entendront rien.